mercredi 14 mars 2007

Les voix de mon enfance...



Plus je prends de l’âge et plus je ressens de la nostalgie pour les dessins animés, voire certaines séries, de mon enfance.

Chez moi, les DVD récents côtoient les coffrets de Tex Avery, la panthère rose, Rémi sans famille, Nils Holgersson, Goldorak, Dallas… et tant d’autres.




Mais au fil des ans s’est produit un curieux phénomène : la nostalgie a surtout joué au niveau des voix de tous ces personnages… et je me suis alors passionné par le doublage de ces vieilles séries ou dessins-animés. Je ne parle bien évidemment pas du doublage actuel qui, sans être forcément mauvais, obéit à des critères marketing qui m’échappent. On prend les acteurs les plus connus au détriment de ceux dont c’est véritablement le métier. Effet de mode…




Bref, je me suis attaché à ces voix. Ces voix qui me renvoient à tant de souvenirs. Ces personnes souvent anonymes qui ont émerveillé mon enfance sans le savoir et sans que je le sache moi-même avant de prendre conscience que, derrière ces fabuleux personnages, il y avait de vrais artistes dans l’âme qui étaient eux-même restés de grands enfants.
Je m’y suis attaché au point de ressentir une tristesse terrible lorsque l’un de ces doubleurs vient à disparaître. Une part de l’enfance qui s’en va. Les personnages restent heureusement mais le vide est réel.

Je ne sais pas pourquoi ça me touche autant. Pourquoi je ressens de plus en plus le besoin de savoir qui se cache derrière chaque personnage de dessin-animé ou de série qui a su m’émouvoir. Pourquoi je ressens une tendresse particulière, par exemple, en écoutant le très grand Roger Carel parler de son métier en prenant plusieurs voix qui ont fait sa renommée.



Aujourd’hui, la mode est donc à la voix qui fait vendre : l’image au détriment de la qualité. Des brochettes de stars en veux-tu en voilà plus ou moins inspirées et auxquels il manque souvent l’étincelle, une part de l’enfance, dans le regard. Mais surtout, la mode est au redoublage. Des séries comme "Bouba" ont ainsi eu de nouvelles voix. Les "Bugs Bunny" ont été redoublés, certains "Titi et Grominet" aussi… Et les doubleurs qui ont donné une âme à tous ces personnages, qui y ont mis énormément de soi, n’ont pas leur mot à dire. En réponse à ce triste constat, on prétexte qu’il faut "rajeunir" la série pour les nouvelles générations. Ou bien que les bandes originales ne sont plus de première jeunesse.





Mais c’est une honte, c’est tout. Qui aujourd’hui, à part les trentenaires dont je fais partie, regarderait encore "Goldorak" ? Ces séries survivent justement parce qu’il y a un effet nostalgie très en vogue depuis une quinzaine d’années. Et cet effet nostalgie, ce ne sont pas que des images, mais ce sont aussi des voix qui nous ont accompagnées durant toute notre enfance ou adolescence. Que serait Charles Ingalls sans la voix du regretté Michel Gatineau ? Que serait JR Ewing sans l’interprétation de Dominique Paturel ? Ou Actarus, identifiable par tous ceux de la génération Goldorak grâce au talent de Daniel Gall ? Ou le grand Schtroumpf doublé par le très grand Gérard Hernandez ? La liste serait infinie…







Beaucoup nous ont quitté… Luc Durand (L’inspecteur Gadget), Philippe Dumat (Gargamel dans "les Schtroumpfs"), Jane Val (Nelly Oleson dans "La petite maison dans la prairie" et Vénusia dans "Goldorak") et tant d’autres… Je n’en connaissais aucun mais ça me fait du bien de ne pas les oublier.

Et de saluer le travail de ces grands du doublage, gens du théâtre avant tout, qui entretiennent la magie tant d’années après…




Photos :


De haut en bas, nous avons donc :

Daniel Gall alias Actarus dans "Goldorak"

Patrick Préjean alias Tigrou houhouhouhou

Roger Carel alias Astérix

Michel Gatineau alias Charles Ingalls dans "La petite maison dans la prairie"

Dominique Paturel alias JR Ewing dans "Dallas"

(Pour la petite histoire, c'est Pierre Arditi qui doublait Cliff Barnes)

Gerard Hernandez alias le grand Schtroumpf

mardi 6 mars 2007

Pas peu fier de ma moitié !



Ma petite Nath a appris hier que l'entretien qu'elle a passé est concluant. Donc une nouvelle vie en perspective, un déménagement, un épanouissement professionnel en vue pour elle, et peut-être des opportunités à saisir pour moi.

Une nouvelle maison. Une vraie. Qu'il nous reste à trouver et qui scellera ce renouveau.

Bref, des chamboulements en veux-tu en voilà...


Et puis, à côté de tout ça, une fierté immense pour ma moitié. Qui a encore réussi à me surprendre. Malgré bientôt dix ans de vie à deux avec, parfois, la routine qui va avec bon gré mal gré.

40 candidats puis 25... 5 ... 3 ... puis c'est le jackpot ! Bravo, Nath ! Vraiment. Parce que si j'y croyais, on sait tous combien la dernière ligne droite est difficile.

Je suis pas peu fier de toi.

Et puis... Fierté aussi pour tes parents qui nous soutiennent sans relâche, qui m'ont toujours témoigné plus d'intérêt que ma propre famille. Qui nous disent qu'ils sont là et qui nous le montrent. Qui ne ménagent pas leur efforts malgré leurs propres difficultés. Malgré mon côté rebelle de l'animal qui se cabre parfois parce qu'il n'est pas habitué à autant d'égards.
Alors merci !


lundi 5 mars 2007

Les petites attentions


On se dit parfois que la journée va être banale... avec le train-train quotidien de bonnes et de mauvaises nouvelles.

Et puis, alors qu'on ne s'y attend pas, une petite attention vient ensoleiller votre journée. Le genre de délicatesse que l'on ne demanderait jamais mais qui fait tellement plaisir quand ça arrive comme ça, inopinément...

Parfois, c'est un mot, un regard, un silence... Et puis d'autres fois, c'est une enveloppe qui fleure bon l'amitié de Belgik...

Ce matin, j'ai donc reçu l'encart de quatre pages du quotidien belge "Le Soir" dédié aux 50 ans de Gaston Lagaffe... avec un reportage magnifique sur mon personnage BD favori.


Il est de coutume de dire qu'il vaut mieux donner que recevoir, ce qui est probablement vrai. Mais quand même, recevoir a parfois une saveur toute particulière...


Alors merci, merci à ces rares mais vrais amis qui embellissent par petites touches mon existence...


Ne changez pas surtout !

vendredi 2 mars 2007

Pour une amie...


Le chat et le soleil


Le chat ouvrit les yeux,

Le soleil y entra.

Le chat ferma les yeux,

Le soleil y resta,


Voilà pourquoi, le soir,

Quand le chat se réveille,

J'aperçois dans le noir

Deux morceaux de soleil.



Maurice Carême




La palissade


Le chat noir de la palissade

Promène son museau partout,

C'est un pirate en embassade,

Le chat noir qui s'en vient chez nous.

Dans le jardin ou sur le toit,

En mille et une escapades

De tous côtés, il est le roi.


Il est le tigre du Bengale

Et le prince des maraudeurs,

Sa moquerie est sans égale:

Ce chat-là est un chapardeur.


Il faut le voir, cet escogriffe,

Ce gracile animal ingrat

Qui lacère à grands coups de griffe

Les détritus de papier gras.


Il mène sa vie à sa guise,

Ne faisant que ce qui lui plaît,

Il se complaît dans des bêtises

Qui ne valent pas un couplet.


Et cependant si ce vaurien

Ne commet que des incartades

A la maison, on l'aime bien,

Le chat noir de la palissade.


Henri Monnier




Le petit chat


C'est un petit chat noir, effronté comme un page.

Je le laisse jouer sur ma table, souvent.

Quelquefois il s'assied sans faire de tapage;

On dirait un joli presse-papier vivant.


Rien de lui, pas un poil de sa toison ne bouge.

Longtemps, il reste là, noir sur un feuillet blanc,

A ces matous, tirant leur langue de drap rouge,

Qu'on fait pour essuyer les plumes, ressemblant.


Quand il s'amuse, il est extrêmement comique,

Pataud et gracieux, tel un ourson drôlet.

Souvent je m'accroupis pour suivre sa mimique

Quand on met devant lui la soucoupe de lait.


Tout d'abord de son nez délicat il le flaire,

Le frôle; puis, à coups de langue très petits,

Il le lampe; et dès lors il est à son affaire;

Et l'on entend, pendant qu'il boit, un clapotis.


Il boit, bougeant la queue et sans faire une pause,

Et ne relève enfin son joli museau plat

Que lorsqu'il a passé sa langue rêche et rose

Partout, bien proprement débarbouillé le plat.


Alors, il se pourlèche un moment les moustaches,

Avec l'air étonné d'avoir déjà fini;

Et, comme il s'aperçoit qu'il s'est fait quelques taches,

Il relustre avec soin son pelage terni.


Ses yeux jaunes et bleus sont comme deux agates;

Il les ferme à-demi, parfois, en reniflant,

Se renverse, ayant pris son museau dans ses pattes,

Avec des airs de tigre étendu sur le flanc.


Mais le voilà qui sort de cette nonchalance,

Et, faisant le gros dos, il a l'air d'un manchon;

Alors pour l'intriguer un peu, je lui balance,

Au bout d'une ficelle invisible un bouchon.


Il fuit en galopant et la mine effrayée,

Puis revient au bouchon, le regarde, et d'abord

Tient suspendue en l'air sa patte repliée,

Puis l'abat, et saisit le bouchon et le mord.


Je tire la ficelle, alors, sans qu'il le voie;

Et le bouchon s'éloigne, et le chat noir le suit,

Faisant des ronds avec sa patte qu'il envoie,

Puis saute de côté, puis revient, puis refuit.


Mais dès que je lui dis: "Il faut que je travaille;

Venez vous asseoir là, sans faire le méchant!"

Il s'assied ... Et j'entends, pendant que j'écrivaille,

Le petit bruit mouillé qu'il fait en se léchant.


Edmond Rostand

jeudi 1 mars 2007

Piccolo 4ème partie


Manon était en larmes lorsqu’elle fit irruption dans le bar de Piccolo et se serra tout contre lui.
-Eh bien, princesse, ça a été si dur que ça l’école aujourd’hui ?
La fillette renifla bruyamment.
Piccolo lui souleva doucement le menton et vit ses yeux embués. Manon avait l’air si triste qu’il se sentit mal à l’aise tout à coup. Il cherchait des mots de réconfort qui ne venaient pas.
Alors ils restèrent là un moment sans bouger, dans un silence seulement entrecoupé des sanglots de Manon.
Au bout de quelques minutes, Piccolo se détacha de son étreinte.
-Dis moi princesse, ton cadeau, tu le veux avant ou après les devoirs ?
Manon leva la tête et regarda le vieil homme qui lui souriait. Il avait toujours ce regard si profond, si bienveillant. Elle passa énergiquement ses mains sur ses yeux pour sécher ses larmes. Et lui offrit un sourire radieux.
-Oh ! C’est vrai Piccolo ? Tu y as vraiment pensé, toi ?
-Laisse moi deviner… Papa et maman ont oublié de te le souhaiter, c’est ça ? Il vient de là ce gros chagrin ?
Le regard de Manon s’assombrit à nouveau et elle se mit à hoqueter sans pouvoir se contrôler.
-Calme toi, tu veux bien ? Et explique moi ce qui ne va pas. Et après, nous ne parlerons plus de ça… parce qu’il y a mieux à faire aujourd’hui, tu ne crois pas ?
La fillette observa le vieux clown et comprit pourquoi elle tenait autant à lui. Elle n’avait pas besoin de tout lui expliquer. Il la comprenait. Avec lui, elle se sentait bien. Et il savait la faire rire, la faire rêver aussi lorsqu’il l’emmenait au cœur de ses belles histoires.


Alors elle lui raconta sa journée, comment elle était arrivée en courant à l’école parce que ses parents n’avaient pas réussi à se lever, comment elle s’était retrouvée au tableau devant des camarades hilares. Et ce faisant, elle sortit une feuille froissée de son cartable qu’elle tendit à Piccolo.
-Aie !, grimaça t-il, un « D », c’est sûr que ce n’est pas brillant… Il va falloir redoubler d’efforts, tu ne penses pas ?
Manon le regarda d’un air suppliant.
-Si papa et maman voient ça, ils ne me permettront plus de venir te voir. Et je ne veux pas que ça arrive mon Piccolo, tu comprends ?
Piccolo était embarrassé. Il se frottait les cheveux, ne sachant pas trop que répondre.
-Bon… euh…C’est vrai que ta note tombe mal…J’essaierai de leur en toucher deux mots si tu veux, mais je ne peux rien te promettre. Allez range ça et assied toi. Je vais chercher ton goûter à la cuisine.
Manon s’exécuta aussitôt et, pleine de malice, demanda à Piccolo :
-Je dois peut-être baisser les stores, non ?
De la cuisine, elle entendit Piccolo éclater de rire.
-D’accord princesse, fais donc ça.
Lorsque la pièce fut plongée dans le noir, Piccolo arriva avec un gâteau immense, une sorte de fraisier dégoulinant de chantilly sur lequel étaient disposées sept grosses bougies. Et au centre, un clown au chocolat.
Manon en eut presque le souffle coupé. Elle ne se rappelait pas avoir déjà vu un aussi beau et gros gâteau. Elle voyait Piccolo lui sourire, éclairé par la lueur des bougies.
-Oooh ! Piccolo ! Il est si joli ton gâteau !
Le vieil homme vit que les yeux de la fillette s’embuaient à nouveau, ce qui leur donnait un reflet étrange sous les flammes chancelantes.
-Allez ma grande, souffle moi tout ça… parce que je commence à avoir faim, moi !
-D’accord Piccolo, mais tu m’aides hein ?
Ils se levèrent tous les deux et s’approchèrent de l’imposant gâteau. Ils soufflèrent en y mettant tout leur cœur et la pièce fut aussitôt plongée dans l’obscurité. Piccolo se rapprocha à tâtons d’une des fenêtres et releva un store, puis un autre. Il se dirigea ensuite vers les cuisines et en revint avec un couteau, deux assiettes et deux coupes à champagne.
-Dis donc, ce qu’ils sont beaux tes verres, Piccolo !
Le vieil homme sourit et sortit une bouteille de derrière le comptoir.
-Pas de sirop aujourd’hui, princesse ! Un peu de pétillant à la pêche, tu vas voir c’est très bon.
Il lui tendit un verre qu’elle porta à ses lèvres.
-Hi hi, ça pique ! Mais qu’est ce que c’est bon !
Piccolo servit deux parts de gâteau et la regarda l’air malicieux.
-Dis moi, le gâteau peut sûrement attendre un peu, non ? Si tu ouvrais plutôt le cadeau qui se trouve derrière le bar.
-Oh oui ! fit Manon en tapant des mains. Elle sauta de sa chaise et courut jusqu’au paquet coloré caché près de l’évier. Elle déchira frénétiquement le papier et ouvrit des yeux comme des soucoupes lorsqu’elle vit ce qu’il y avait dans la boite.
-Un nez rouge ! Du maquillage ! Un costume et de grandes chaussures ! Oooh, merci Piccolo !
Elle l’enserra de toutes ses forces puis essaya le nez rouge.
-Tu veux bien me maquiller Piccolo ? demanda t-elle d’un air espiègle.
-Attends ! Je veux d’abord te montrer quelque chose ! Viens avec moi.


Manon le suivit dans la cuisine puis dans le jardin qui se trouvait à l’arrière du bâtiment. Au fond se trouvait une immense grange dont Manon avait toujours pensé qu’elle ne servait à rien.
Piccolo sortit une clé toute rouillée de sa poche et ouvrit le lourd battant en bois. Manon faillit pousser un cri lorsqu’il la fit passer devant lui.
A l’intérieur, il y avait un grand chapiteau rouge.


Le chapiteau était superbe. Il devait faire quatre ou cinq mètres de haut. Manon ne pouvait pas détacher son regard. Elle n’en revenait pas, la journée avait si mal commencé !
Piccolo se baissa et la regarda droit dans les yeux. Manon lui sourit, lumineuse et mit ses bras autour du cou de son ami avant de lui faire un gros bisou sonore sur la joue droite.
-Voilà ce que je te propose Manon… Je vais redevenir Piccolo le clown… et pour y arriver, j’aurais bien besoin d’une…assistante. Tu en penses quoi, princesse ?
Manon mit une main devant sa bouche, ses yeux plus brillants que jamais.
-Tu… es sérieux Piccolo ? Tu le penses vraiment ?
-Bien sûr que je suis sérieux, qu’est ce que tu crois ! Je pense que l’on pourrait répéter pendant les petites vacances et donner quelques représentations l’été, tu en dis quoi, toi ?
Manon était radieuse. Bien sûr qu’elle était d’accord. Puis elle réfléchit et se pinça les lèvres.
-Mes parents ne voudront jamais, c’est certain. Surtout lorsqu’ils verront ma note de ce matin.
-Vous semblez bien sûre de vous jeune fille !

Manon se retourna. Sa mère était là, dans l’entrebâillement du battant et son père se tenait juste derrière avec Martin. Elle souriait, ce qui contrastait avec Manon, visiblement sur le qui vive.
-Piccolo nous a parlé de son projet et nous n’y sommes absolument pas opposés. Mais il reste le problème de tes lacunes en français qui, à ce que je viens d’entendre, n’ont pas l’air de s’arranger. Alors ton père et moi, nous te proposons un marché : nous ne t’offrons rien pour ton anniversaire et en contrepartie nous indemniserons la maîtresse qui se propose de te donner des cours de soutien deux fois par semaine. Bien entendu, cela implique que tu ne voies pas Piccolo pendant ces moments là. Et si les résultats suivent, nous vous laisserons préparer votre spectacle en toute liberté. Tu en dis quoi Manon ?
Manon ouvrit la bouche mais n’eut pas le temps de répondre.
-Réfléchis bien Manon, dit Eddy, c’est une décision plus importante qu’il n’y paraît. Je respecte ton envie d’assister Piccolo et de monter votre propre spectacle mais l’école reste prioritaire. Est-ce que c’est bien clair pour toi ? Te sens tu capable de tout mener de front sans nous décevoir ?
Manon regarda son père droit dans les yeux et acquiesça.
-Très bien Manon, fit son père en souriant. Ta mère et moi avons confiance alors ne nous donne pas tort.
Eddy se tourna ensuite vers Piccolo :
-Votre invitation à partager un bout de gâteau tient toujours ?
-Et comment ! On en a des choses à fêter, non ?

Blanche, Eddy et Martin rentrèrent dans le café. Piccolo et Manon, main dans la main, leur emboîtèrent le pas.



A suivre…

Piccolo 3ème partie


Le réveil fut difficile… pour Blanche et Eddy qui sursautèrent lorsque Manon et Martin se jetèrent sur le lit alors qu’un grand soleil emplissait déjà la pièce.
-Maman, maman ! On ne déjeune pas aujourd’hui ? couina Martin tandis que Manon abattait son polochon sur la tête de son père en riant.
-Oh, mon dieu ! Eddy ! Il est presque neuf heures, s’écria Blanche en se ruant dans la cuisine. Et ne restez pas plantés là comme des ânes, vous deux ! Allez vous habiller, vite !
Les deux bols et le lait sous un bras, la confiture, le chocolat et le pain sous l’autre, Blanche semblait hystérique pendant qu’Eddy grommelait en se retournant dans son lit.
-C’est pas vrai, ils vont encore être en retard à l’école ! Eddy, je te rappelle que ton patron débarque sur le chantier aujourd’hui !
Le mot patron eut l’effet escompté. Eddy sauta du lit tout affolé et se rendit à la salle de bain à cloche-pieds en essayant tant bien que mal d’enfiler son pantalon. Il y eut un bruit sourd suivi de quelques jurons de circonstances lorsqu’il s’affala de tout son long.
-Buvez votre chocolat les enfants… Une fois encore, vous l’aurez froid mais ce n’est pas grave… et emportez ces tartines avec vous… Je vous les mets dans un peu d’alu.

Cinq minutes plus tard, les enfants et Eddy sortirent en trombe de la maison. Blanche se laissa alors tomber sur la chaise la plus proche, essoufflée.
-Ils vont me tuer, ils vont vraiment finir par avoir ma peau ! Et… Oh non ! Bon sang, j’ai complètement oublié ! Manon va encore être furieuse !




Manon était assise à son pupitre et était écarlate. Et pas seulement parce qu’elle avait couru pour arriver à l’heure. Elle faisait une moue qui aurait beaucoup amusé Piccolo, si son regard n’avait pas été aussi noir.
-Ben quoi, sœurette, qu’est ce qui t’arrive ? chuchota Martin tandis que la maîtresse inscrivait au tableau la matière du jour. C’est à cause d’hier soir ? A cause de ce que j’ai dit sur le vieux…euuh… sur Piccolo ?
-Pfff !, répondit Manon en haussant les épaules, tu ne comprends jamais rien, toi ! On est quel jour aujourd’hui, banane ?
-Ben… t’as qu’à lire au tableau, c’est écrit : on est le vendredi 25 mars. Et puis, banane toi-même, hé !
-Le 25 mars, c’est le jour de mon anniversaire, sale crétin ! ! !



Manon avait presque crié et s’était levée, dominant son frère qui aurait bien aimé se faire plus petit encore.
Tous les regards s’étaient posés sur eux. La maîtresse était restée impassible. Manon sembla se rendre compte subitement du tragi-comique de la situation. Elle sentit une chaleur monter à ses oreilles et balbutia quelques mots qui semblèrent se perdre au fond de sa gorge.
-Et bien les enfants, je propose que nous souhaitions un joyeux anniversaire à Manon puisqu’il semblerait que ce soit aujourd’hui, n’est-ce pas ? Et comme c’est un jour particulier, je passerai sur les quelques grossièretés que mes chastes oreilles ont cru entendre.
Manon commençait à peine à se détendre et s’apprêtait à se rasseoir lorsque la maîtresse continua :
-Et puis ce n’est pas tous les jours que notre Manon nous fait l’honneur de se porter volontaire pour notre exercice de grammaire du vendredi.

Manon écarquilla ses yeux en voyant le tableau. Il y avait bien six exercices de français à résoudre. Elle se dirigea alors vers l’estrade, sous les rires étouffés de ses camarades.


A suivre…