jeudi 22 novembre 2007

L'art difficile de vivre en famille


On dit souvent qu'un sujet en amène un autre. J'ai précédemment évoqué ma difficulté d'assister au traditionnel repas de famille à l'occasion des fêtes de Noël. Je tiens néanmoins à préciser que ça n'enlève rien aux qualités de mes beaux-parents que j'ai évoquées par ailleurs, voici plusieurs mois.


Je crois surtout qu'au delà de ces faux problèmes de repas "de groupe", c'est le concept même de famille qui me pose problème et que je ressens comme une intrusion parfois violente dans ma petite existence.


Je ne cherche pas à me justifier. D'ailleurs, je n'en ai nullement besoin et personne ne me le demande. Mais je crois que lorsque l'on n'a jamais eu le sentiment d'appartenir à une famille jusqu'à un stade relativement avancé de sa vie, c'est très difficile ensuite d'aller vers des gens "étrangers", malgré leur bienveillance et leur attachement. Les parents de Nath voudraient que je sois plus famille, que l'on vienne plus souvent, ou que les appels téléphoniques soient aussi plus nombreux... mais j'ai du mal avec tout ça, et le mot est faible. Car je ressens tout cela comme l'intrusion d'un mode de vie, d'une éducation qui m'échappe et que je n'ai pas connue.


On a tous sa vie, son propre cheminement, avec les hauts et les bas qui font ce que nous sommes. Loin de moi ici l'idée de me plaindre. Ma vie ne m'a globalement pas convenu mais il y a pire ailleurs. Et j'ai Nath. Et d'autres qui tiennent à moi, à nous.


La famille. Un concept vague pour quelqu'un qui n'a plus vu son père depuis l'âge de quatre ans. Un père que je ne regrette pas, assurément violent et probablement escroc. Où qu'il soit aujourd'hui, surtout qu'il y reste. Mais l'idée de famille sans présence masculine, déjà ça coince. Etre fils unique n'a rien arrangé. Aucun contact avec la famille du côté paternel et une famille éclatée du côté de ma mère. Le souvenir de vacances forcées à la campagne chez l'un de mes oncles où il ne faisait pas bon être le sale gamin de la ville. Le souvenir d'une cave sombre et humide dans laquelle mes cousins et moi étions parfois enfermés. Une mère qui a fait ce qu'elle a pu avec les moyens du bord mais qui a cruellement manqué de tendresse, de fierté envers un fils qui aurait tant voulu qu'elle le regarde vraiment. Une mère enfin qui aurait tant désiré une fille et qui a reporté l'affection dont elle était capable sur sa nièce.


Bref, une enfance solitaire, si ce n'est, quand même, quelques vacances mémorables avec un autre de mes oncles, toujours du côté de ma mère, que j'aime comme un père malgré la distance géographique.


Un môme solitaire donc, plongé dans ses BD et ses dessins. Une bulle bien à soi pour un gamin qui se fait ses propres héros. Et qui rêve. Beaucoup. Seul.


Et puis, suite à ma rencontre avec Nath, je me retrouve catapulté dans un monde qui m'est tout sauf familier. Un monde où le concept même de famille est roi, pas forcément la proche famille d'ailleurs mais aussi cousins éloignés. Un monde où les gens aiment se voir, recevoir, prendre des nouvelles, mais aussi aiguiser leur curiosité, la frontière est si mince... Un monde bienveillant mais dans lequel j'étouffe presque immédiatement. Les repas réglés comme du papier à musique se multiplient. Tout le monde s'amuse et essaie sincèrement de me mettre à l'aise. Alors je joue le jeu, après tout, ces gens sont bien gentils. Mais hors champ, je n'y arrive pas. Les sollicitudent m'ennuient, me compriment.

Le mariage sera à l'image de cette nouvelle vie dont j'ai la sensation qu'elle me glisse parfois entre les doigts. Je veux une cérémonie intimiste et nous serons plus de 100.


Les débuts avec les beaux-parents Georgette et Alexandre sont tendus. Les pauvres, ils rentrent de cure et apprennent que leur fille a emménagé avec un parfait inconnu. De plus, je ne leur facilite pas les choses de par mon côté sauvage exacerbé.

Petit à petit, on s'apprivoise. Mais je reste félin. On peut m'approcher mais je n'appartiens à personne et c'est encore vrai aujourd'hui. Ils s'inquiètent lorsque je ne vais pas bien, m'encouragent lorsque je tiens le bon bout, et sont sincèrement ravis lors de réussites ponctuelles. Mais je garde malgré tout cette distance qui fait que, même lors de repas dits de famille, je ne m'intègre pas vraiment. Mais c'est délibéré. A plus de 30 ans, l'idée de famille n'est pas naturelle pour moi. Je peux idéalement faire avec, parfois même reconnaître ses bons côtés, mais je ne peux adhérer.


Si j'avais connu ça tout marmot, je crois que ça m'aurait bien plu. L'appartenance à une famille et la reconnaissance qui va avec. Mais à présent, la seule chose dont j'ai besoin, c'est cette soif de liberté, d'indépendance. Je n'oublie pas celle avec laquelle je partage ma vie. Je n'oublie pas d'où elle vient. Son vécu, ses besoins. Mais que c'est dur parfois.


La famille, c'est vraiment pas simple quand on n'a pas appris...

mercredi 21 novembre 2007

Noël, fête de famille ?





J’aime Noël et aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours ressenti un petit pincement au cœur à l’approche de ces fêtes. Autant le 1er janvier et ses « bonne année » me sont difficilement supportables, autant Noël procure chez moi une sorte de joie intense.


Pourtant, difficile d’expliquer pourquoi Noël garde cette dimension un peu féerique. Après tout, Papa Noël a tombé le masque depuis bien longtemps, rares sont les paquets que je pourrais avoir la frénésie de déchirer, les chèques et les « cadeaux utiles » les ayant remplacé depuis belle lurette. Et j’en connais un rayon en cadeaux dits utiles comme le jour où, pétri de gratitude envers belle-maman, je reçus comme un don du ciel… un convertisseur en euros.



J’aime le sapin et son odeur de résine mais je n’en achète quasiment jamais. J’aime l’arbre décoré et illuminé mais je déteste m’atteler à cette tâche. J’aime les cadeaux mais je n’en ai plus. J’aime le Père Noël mais je n’y crois plus.


Alors quoi ? Que reste t-il de cette magie de l’enfance ? A vrai dire, pas grand chose. Sauf que tout m’y ramène toujours : les illuminations dans les rues, les animations dans les magasins, les marchands de sapins sur les marchés, les mômes émerveillés devant cette surenchère de lumières et de couleurs, le fait de savoir que certains croient encore au Père Noël en se demandant s’ils seront gâtés s’ils sont sages une semaine avant le jour J.



Mais Noël, c’est aussi le traditionnel repas de famille et là, j’ai du mal. Chaque année, Nath et moi ne sommes pas d’accord. Il faut d’abord dire ici que, personnellement, je n’associe Noël à aucune fête religieuse et qu’à ce titre, je me fiche éperdument des traditions « qui voudraient que ». Je préfère cent fois vivre la nuit de Noël à deux, quitte à entretenir la magie de l’instant avec un bon repas autour d’un sapin décoré, plutôt que de satisfaire au sacro-saint « repas de famille ».



Alors oui, on va me taxer d’égoïste et c’est sans doute vrai. Mais je ne prends pas de plaisir lors de ces occasions, à quelques rares exceptions près. On revoit les mêmes personnes pour un repas où tout est codifié, décidé, préparé. Il faut faire aussi avec l’âge et la santé de chacun. Oui mais moi, ce jour là, je ne veux pas faire d’efforts, y compris pour « faire plaisir ». Je veux me faire plaisir à moi, retomber en enfance, rêver quelques instants. Etre libre et ne pas me sentir confiné. Je n’aime pas que l’on sorte les grands services dont on se rappelle une ou deux fois par an ou que l’on rit poliment à un mauvais jeu de mot « parce que c’est fête ».



Bref, que ferons nous pour Noël ? Nathalie veut aller chez ses parents et moi n’importe où ailleurs. Si c’est comme chaque année, je vais encore finir par céder. Nous irons alors voir Georgette et Alexandre, nous serons bien reçus bien sûr et le repas, pensé de longue date, sera délicieux à n’en pas douter. Quelques bons mots égaieront la journée.


Mais la magie de Noël dans tout ça ?


Je me demande si je vais pas finir chez ma mère, tiens !

dimanche 18 novembre 2007

Nouveau job, nouvelle vie ?


Ici et là, des amis me demandent comment s'est passée ma rentrée puisque j'ai débuté un tout nouveau travail depuis le 2 novembre.


C'est vrai que je ne suis pas très loquace sur le sujet, peut-être parce que, finalement, je ne savais pas trop quoi en dire... On ne sait pas forcément dire les choses quand tout va mal mais il semblerait que ce ne soit guère plus facile quand tout va bien.


Parce que tout va bien, en tout cas autant que possible. J'ai été très bien accueilli, je me suis assez vite adapté à ma nouvelle équipe et à mon rythme et mes horaires de travail. J'ai un bureau et un ordi perso dans une salle que je partage avec deux autres collègues. Ma chef sait que j'aime bien être cadré donc elle m'a imprimé une fiche de poste avec ce que je dois faire chaque jour. Et elle prend aussi de son temps pour que j'acquiers des compétences supplémentaires. Elle aime mon côté méthodique, mes "prises de notes" systématiques et on se retrouve dans une certaine logique de travail.


Après, reste la période d'essai d'un mois. En principe, je ne vois pas trop ce qui pourrait m'arriver. Mais beaucoup savent ici ce qui est arrivé à Nath dernièrement alors je ne crierai victoire que lorsque je serai en passe de revenir le 3 décembre.


Pour rappel, je bosse à l'ANPE de Sarlat, 26 h par semaine, tous les matins et le lundi après-midi. Je m'occupe de tout un pan administratif qui englobe principalement traitement du courrier et tel. Et autres petites choses diverses.


Bref, tout va bien pour l'instant. Pas de raison que ça ne dure pas.


Vivement le 3 quand même...


jeudi 15 novembre 2007

Des étoiles et du rêve à portée de main


Vu que des sujets plus sombres ne m'inspirent guère alors qu'il y aurait pourtant de quoi faire, et vu que je ne suis guère productif en ce moment au niveau des nouvelles (quoique...), me voilà reparti sur des sentiers empreints de légèreté...
Ce soir, j'ai passé une heure à côtoyer les étoiles, à sauter de planète en planète en laissant dans mon sillage des ornières de poussières cosmiques. J'ai ressenti une sorte de paix intérieure phénoménale, quelque chose de jouissif et d'apaisant. De reposant et d'excitant. Une heure où mon coeur d'enfant s'est mis à battre comme aux plus belles heures. Un vrai gamin, je vous dis, perdu dans sa bulle et heureux parmi les étoiles.

Et puis un voyant s'est allumé. Je n'avais plus de piles, ben oui, c'est ballot... Alors j'ai éteint ma petite console à rêves.



J'ai découvert les jeux vidéo sur le tard, à 26 ans. Je n'ai jamais été un accroc, un "gamer" comme on dit. Pas du genre à y passer mes journées et encore moins mes nuits. Pourtant, depuis presque dix ans, j'ai vu les consoles se succéder, les jeux évoluer, les moeurs changer...

J'ai découvert de beaux univers, des mondes colorés à explorer, des énigmes à résoudre...

Je pouvais y passer une à deux heures par jour pendant 15 jours puis ne plus les allumer pendant trois mois. Et puis de temps en temps, l'appel au rêve était le plus fort et me prenait par la main, me faisant alors rallumer la console pour quelques moments plus ou moins éphémères.



Et puis, le temps et l'âge aidant, on ne cherche plus seulement le rêve ou la richesse d'un univers. On cherche à être surpris, captivé, à prendre une vraie claque vidéoludique.

Et ce soir, cet instant est arrivé. "Super Mario Galaxy" est le jeu. Celui que je n'attendais plus et qui revisite le genre avec une force qui force le respect. Bien sûr, je ne convaincrai sûrement pas les réfractaires aux jeux vidéos. Et pourtant. En seulement une heure de temps, en ayant probablement exploré de 2 à 3 % de l'univers du jeu, j'ai ressenti un plaisir immense, une immersion totale, avec une jouabilité si intuitive que tout semble couler de source.


Bien sûr, il faut l'avoir vécu au moins une fois pour comprendre. Car tout est du domaine du ressenti, de l'émotion, de l'émerveillement qui vous envahit. Les mots sont superflus et ne convaincront pas les sceptiques. C'est juste une expérience à vivre. Dans ce domaine ou ailleurs.

Bref, j'ai pris du plaisir. Et j'ai de la reconnaissance pour ces gars qui nous font rêver sans ménager leurs efforts. Je n'aime pas les jeux de baston ou de guerre mais la critique serait probablement facile alors que, pourtant, certains y trouvent leur compte. Moi, ça m'échappe. J'ai besoin de m'évader, de rêver. Et certaines pépites comme ce jeu me rappellent que c'est encore possible.


Merci à ma petite console à rêves.

mardi 6 novembre 2007

L'araignée est làààààààààààààààààààà !



Encore un message qui ne restera pas dans les annales de par sa profondeur, mais que voulez-vous, il fallait bien que j'actualise un peu mon blog.

Je sens poindre une déception chez la plupart d'entre vous. D'une part, vous ne verrez pas, malgré ce titre honteusement trompeur, de bébêtes velues, mais en plus vous allez vous coltiner une nouvelle leçon de pseudo nostalgie.


Car Spiderman, c'est toute mon enfance. C'est d'ailleurs pourquoi je continue à le lire à 35 ans comme le grand enfant que j'essaie de rester tant bien que mal même si, franchement, on n'est pas toujours aidé.


A ce stade précis d'écriture, je prends subitement conscience que tout ça est d'un chiant. Je ne vais pas repartir sur une introspection, ça va me donner mal à la tête et j'ai pas envie de me prendre le chou.



Du coup, pourquoi ne pas plutôt chanter tous ensemble ce fabuleux générique de 77 de la toute première série animée de Spiderman, tellement kitch... Allez, je donne le laaaaaaaaaaaaaaaaaaaa...

L'Araignée, l'Araignée
Est un être bien singulier
Dans sa toile, il attend
D'attraper les brigands
Attention !
Car l'Araignée est là


Il est fort, agressif
Il a du sang radioactif
Il s'envole sur un fil
Et fait fi du péril
Attention !
Car l'Araignée est là


Si parfois la nuit
On découvre un mystère
L'Araignée surgit
Aussi vite que l'éclair


L'Araignée, l'Araignée
Toujours là pour nous protéger
Il apporte des secours
Et ne veut rien en retour
Pour lui, la vie est un combat
Et de l'action il y en a
Quand l'Araignée est lààààààààààààààààààààààà...



Je crois que je viens d'écrire le sujet le plus mauvais de toute l'histoire de ce blog. Mais qu'est-ce que c'est bon !



Et puis... belles images, non ?



vendredi 19 octobre 2007

Heu-reux !



Au bout de l'attente, après 15 jours d'indécision et un optimisme qui glisse vers le bas tel le temps dans un sablier, le téléphone sonne et la bonne nouvelle tombe : Je suis pris comme agent administratif à l'ANPE de Sarlat, pour un contrat de deux ans, 26 heures par semaine. Ce qui me laissera, de surcroît, du temps pour continuer dans la voie journalistique en parallèle.


J'ai beau détester les entretiens dans le sens où ils me jouent immanquablement des tours, celui-ci m'avait laissé une bonne impression. Assez pour que je sois satisfait de moi. Tout en sachant que, parmi les candidats, après moi il y aurait les autres... pour une seule place à l'arrivée ! Après l'entretien, des tests bureautiques qui n'ont pas posé de grandes difficultés. Et puis l'attente, longue... et la délivrance, enfin !


Bref, je suis heureux tout simplement. A moi maintenant de tracer ma route, d'utiliser ces nouvelles opportunités pour me faire une place, pour exister tout simplement. Et préparer l'avenir. Deux ans, c'est long mais c'est aussi très court. A moi de me faire mon réseau pour mieux rebondir.


Mais chaque chose en son temps. D'abord savourer, laisser reposer l'esprit, décompresser. Enlever la boule de l'estomac. Sourire, afficher une tête d'ahuri et l'assumer pleinement.


Et partager, avec vous, cette joie qui emplit ma journée.


Merci de votre soutien. Réussir, c'est tout un ensemble de choses... et l'amitié y tient une grande place. C'est quelque chose que je n'ai pas toujours compris par le passé et ça n'en a que plus de valeur.



Heu-reux, je vous dis.


dimanche 7 octobre 2007

Isa, Laurent, Léon et Enéa...


Chaque fois que se produit une rencontre avec des gens du forum, c'est toujours un plaisir partagé. Ici, c'est un peu particulier puisque notre Isa du forum est aussi une amie de longue date. Enfin, de Nath surtout puisqu'elles se connaissent depuis l'enfance (Nath avait 4 ans 1/2). Moi, ça fait seulement 9 ans que je connais la miss.


Elles se sont d'ailleurs toujours suivies, même au niveau mariage puisqu'Isa et Laurent se sont mariés moins de deux mois après nous. Là où ça change, c'est au niveau des marmots puisque Isa et Laurent en sont déjà à deux... Isa m'ayant avoué aujourd'hui qu'elle souhaitait plus que tout mettre un 0 après le 2. Bonne chance aux grandes ambitions. Je plaisaaaaaaaaaante !


Un garçon et une fille donc. Léon, le petit dernier, bientôt deux ans si la mémoire de Nath est bonne, et Enéa, 3 ans.


Toute cette petite famille est donc venue nous rendre visite pour un séjour forcément trop court. Le temps pour eux de découvrir notre nouvelle maison en Périgord, de faire une longue et belle promenade ensoleillée, de regarder le rugby tandis que je feuilletais nonchalamment un album de BD... bref de partager quelques moments heureux à six.


Léon et Enéa se sont vite habitués à leur nouvel environnement. Et plus ils étaient à l'aise, plus j'étais sur le qui-vive. C'est que ça bouge à cet âge là ! Mazette, quelle énergie ! Et quand les deux se liguent, c'est terrible ! Heureusement, il reste le bon vieux Walt Disney (merci Walt ! ) qui n'a pas son pareil pour retenir l'attention de nos chères têtes blondes.


Et puis le soir, quand ça dort (si, si, ça dort !), les adultes tentent de refaire le monde. Ou parfois regardent juste la victoire improbable de la France sur la Nouvelle-Zélande.

Le dimanche matin, nos invités se lèvent tandis que Lewis Hamilton s'immobilise dans le gravier au GP de Shangaï. Ensuite, je pars en mission pour le journal. Et en plus, je trouve le moyen de me perdre. Du coup, je rentre, un peu amer, juste à temps pour assister aux préparatifs de départ de nos amis. Isa et Laurent, ça a toujours été ça. On est toujours triste quand ça touche à la fin parce qu'on se voit peu, une fois par an en moyenne. Alors cette fois, promis, on a décidé de remettre ça le mois prochain. A nous le Tarn !


Léon me fait un bisou, Nath n'aura pas cette chance. Léon s'essuie d'un revers de la main, je ne lui dis pas merci. Enéa, telle une star, nous envoie de la main des paquets de bisous. Et c'est le départ.


Vivement novembre, c'est moi qui vous le dis !

mercredi 3 octobre 2007

Piccolo 12eme partie... la fin !


La journée d’adieu à l’école fut une belle réussite. Le gâteau, finalement acheté par maman, était délicieux. Il faut dire que celui préparé en cuisine avait une allure si bizarre que toute la famille s’était sacrifiée pour le petit déjeuner. Manon et Martin avaient vraiment passé une belle journée. Manon était arrivée maussade à l’école puis s’était rappelée de la conversation de la veille avec sa mère. Il ne lui restait plus qu’une journée à partager avec ses camarades et elle devait en profiter, même si Piccolo n’était jamais bien loin dans ses pensées et qu’il lui tardait de le retrouver. Alors elle avait retrouvé le sourire, blaguant, rigolant… et pleurant même lorsque la maîtresse leur remit, à elle et à son frère, un cadeau de la part de toute la classe, ainsi qu’une grande carte musicale signée par tous. Dans le paquet, il y avait un superbe ouvrage animalier pour Martin et un non moins beau livre sur le cirque, avec plein de grandes illustrations en couleurs, pour Manon.


Un livre qu’elle serrait encore contre sa poitrine une fois l’école terminée tout en traversant le village au pas de course pour rejoindre Piccolo. Celui-ci l’attendait sur le seuil du bar et lui souriait. Un sourire franc et généreux comme il savait si bien les faire. Manon enserra son vieil ami, l’embrassa puis tous deux entrèrent dans la salle principale. Elle mangea sa traditionnelle part de tarte aux myrtilles, but ses deux verres de sirop puis resta avec Piccolo jusqu’à ce que la nuit tombe, ce qui arrivait encore assez tardivement en cette saison. Elle voulait profiter de lui, de ses histoires de clown qu’elle connaissait par cœur. Pas un instant elle n’évoqua son prochain départ. Elle savait que son ami était au courant. Perdre du temps à en parler aurait été superflu. Elle voulait simplement être avec Piccolo, rire et rêver avec lui.


Et c’est ainsi que les quelques jours restants se passèrent. Blanche avait prêté à sa fille son appareil photo numérique et Manon prit des dizaines de clichés cette semaine là. Piccolo s’y plia de bonne grâce, revêtant même son ancien costume pour se laisser aller à quelques pitreries qui firent rire Manon aux larmes. Et puis il y eut aussi ces silences, ces non-dits, ces regards dont on peut lire comme dans un livre ouvert. Et qui disent tout.


Et pour ne pas penser à une fin que tous deux savaient inéluctable, Piccolo et Manon commencèrent même le dressage des deux furets, comme si de rien n’était. Martin avait trouvé le nom du sien le soir même où il l’avait attrapé dans sa cage : Brisby, comme le nom du héros du dernier dessin-animé qu’il ait vu en DVD. Sa sœur s’était moquée, ne trouvant pas ça très original et Martin avait fait la moue. Mais en tout cas, le furet de Manon s’appelait toujours « mon furet » et il fallait bien que ça change. C’est au cours d’une séance de dressage avec Piccolo alors qu’elle était prise d’un fou rire qu’elle trouva le nom. Chaque fois qu’elle essayait d’apprendre un tour à son petit animal, celui-ci la regardait fixement et ne bougeait plus. Et à chaque fois, hilare, Piccolo disait : « Y’a comme un bug ! ». Du coup, elle l’appela Bug, ce qui fit rire le vieux clown encore plus fort.


Bref, leurs journées, c'était ça : tenter de dresser Bug et Brisby, rire, parler, caresser le lama, nourrir le bouquetin, partager des parts de tarte, se déguiser, se maquiller, se raconter des histoires. Des journées bien remplies au final mais qui passaient trop vite. Et si Manon voulait montrer de l’enthousiasme en toutes circonstances en présence de son ami, les nuits de solitude étaient plus difficiles. Car les journées s’égrenaient, impitoyables, et la fillette ne pouvait s’empêcher de compter les jours. Et les cartons envahissant sa chambre comme toutes les autres pièces de la maison d’ailleurs ne cessaient de lui rappeler qu’elle et Piccolo devraient bientôt se séparer. Alors elle sanglotait doucement, le visage contre son oreiller.

Et puis le jour J arriva et il fallut bien se résoudre aux adieux. C’était un dimanche maussade et frais, aux premières lueurs du jour. La veille, les déménageurs avaient embarqué l’essentiel de ce qui pouvait l’être avec Eddy qui était redescendu tard dans la nuit. Il n’était donc pas très frais ce matin mais la route était longue et il ne voulait pas se presser. Blanche le relaierait au volant le cas échéant.
La voiture s’arrêta à hauteur du bar de Piccolo qui était déjà ouvert. A l’arrière du véhicule, on entendait Neptune gronder dans sa cage, placée juste à côté de celle de Bug et Brisby
-Va dire au revoir à ton ami, ma grande, et prends ton temps surtout ! dit Blanche à Manon dont les yeux rougis témoignaient d’une nuit et d’un sommeil passablement agités.

Elle entrouvrit la porte, faisant tinter la petite clochette. En principe, c’était le genre de détail auquel Manon ne prêtait plus attention mais là elle avait l’impression de tout capter comme une éponge : les bruits, les odeurs, les objets devant lesquels on passe sans les voir… et donc la petite clochette qu’elle avait fait tinter tant de fois.
Piccolo était là, derrière le bar, son torchon sur l’épaule. Il lui sourit mais son visage était plus marqué que d’habitude. Tous deux avaient redouté cet instant depuis tant de jours tout en sachant qu’on y viendrait tôt ou tard. Manon contourna le comptoir en courant et se blottit contre le ventre de son ami Piccolo. Elle versa des larmes silencieuses, mêlées de tristesse mais aussi de joie. Celle d’avoir connu Piccolo, d’avoir été « sa princesse », d’avoir partagé tant de bons moments qu’elle n’oublierait jamais. Elle offrit alors à Piccolo son visage baigné de larmes mais souriant, et s’aperçut que le vieil homme en faisait autant. Il la regardait avec cette infinie gentillesse dans le regard, mais ne pouvait plus dissimuler sa peine.
-Ma petite princesse, balbutia t-il, la voix brisée par l’émotion, dis-toi que je serai toujours là pour toi. Même de loin, tu entends. Ton vieux Piccolo t’aimera quoi qu’il arrive. Alors sois forte et ne garde que les bons moments, ce sont les seuls qui valent la peine d’être vécus.
Manon fixait le vieil homme. Elle était certes triste, mais heureuse.
-Je t’aime, mon Piccolo, et ça non plus, ça ne changera jamais. Jamais ! dit-elle en le serrant un peu plus fort.
Ils restèrent comme ça un moment puis Manon déposa un baiser sur la joue du vieil homme avant de sortir en courant, la clochette virevoltant une dernière fois. Piccolo resta là, entendit le bruit d’une portière que l’on claque puis celui d’un moteur qui démarre. Il écarta un rideau de la main, entrouvrit un volet et vit la voiture d’Eddy filer puis disparaître au loin.


Il referma la porte à clef puis éteignit la lumière. Il s’assit à la table la plus proche, son torchon toujours sur l’épaule et resta là, dans l’obscurité. Il pensa longtemps, très longtemps à Manon avant de s’endormir. Et parce qu’il avait été si heureux en compagnie de la fillette, il souriait encore le lendemain lorsque, inquiet de voir les volets désespérément fermés à la mi-journée, Paulo découvrit son corps inanimé. Le vieil homme était parti de sa belle mort, sans souffrance et le sourire aux lèvres. Ses dernières pensées avaient été pour Manon, sa princesse. Il n’avait certes pas réalisé tous ses rêves de vieux clown mais il était parti heureux.



Et à plusieurs centaines de kilomètres de là, Manon rêvait à son ami Piccolo, le vieux clown aux belles histoires.


De celles qui mettent des étoiles dans les yeux.





Fin


Piccolo 11eme partie


-Vous voulez que ce soit moi qui le lui annonce ? demanda Piccolo, tout en resservant Eddy de vin de noix. Aujourd’hui, elle a son cours de soutien mais je la vois demain soir.
Le vieil homme et Eddy avaient l’air de deux chiens battus, tout deux assis à une table à l’intérieur du bar.
-Non, c’est gentil mais c’est à sa mère et à moi de lui annoncer la nouvelle. Manon va sûrement très mal réagir quand elle saura que nous partons à la fin du mois. Elle avait tellement mis de temps pour s’adapter ici. Et puis elle vous avait rencontré, elle avait retrouvé l’envie, le goût des choses. Et était même en passe de combler ses lacunes scolaires. J’ai peur que le choc soit trop rude pour elle. Elle s’est fait son petit monde, sa petite vie autour de vous, de ses amis, du spectacle que vous deviez monter ensemble. Et tout va s’écrouler en quelques instants.
Eddy vida son verre d’une traite. Piccolo le resservit toujours silencieux.
-Le pire dans tout ça, c’est qu’il va nous falloir déménager, tenter de se réadapter ailleurs, dans une grande ville en plus, en Lorraine où il paraît que c’est mort… Manon et Martin vont devoir changer d’école, se faire de nouveaux copains. Et tout ça pour quoi ? Faut pas se voiler la face. Ca commence par des mutations imposées et on sait comment ça finit. Les sites ferment un à un et on se retrouve viré comme un malpropre. Finalement, c’est ça le pire : partir sans savoir de quoi demain sera fait.
Eddy descendit son verre aussi rapidement que le précédent puis se leva.
-Il vaut mieux que je m’en aille. Boire n’a jamais résolu les problèmes. Merci encore Piccolo. Pour tout. Vous êtes ce qui est arrivé de mieux à ma petite Manon.
Il tapota sur l’épaule du vieil homme et sortit précipitamment. Piccolo resta seul, assis à la table, enchaînant sans s’en apercevoir les verres les uns après les autres, noyé sous des larmes qu’il ne pouvait plus contenir.

Manon était écarlate et avait les poings serrés. Elle s’était levée d’un bond tandis que son père et sa mère tentaient de la raisonner. Martin ne comprenait pas tout mais était inquiet de la fureur de sa sœur. Neptune avait précipitamment quitté la pièce.
-Il n’est pas question que l’on parte d’ici ! Jamais, hurla t-elle. Jamais, jamais !
A peine Eddy eut-il giflé sa fille qu’il le regretta. Une gifle âpre, sèche. Manon mit la main à sa joue, surprise, mais ne tarda pas à reprendre ses esprits.
-Je ne partirai pas, vous entendez ! Je vais rester ici, avec mon ami Piccolo et…
La voix de Manon s’étrangla subitement et elle ne put finir sa phrase. Le simple fait d’avoir pensé à son ami le vieux clown fut au dessus de ses forces. Elle s’écroula en larmes dans les bras de sa mère.
-Ecoute ma puce, dit Blanche en prenant les joues de sa fille entre ses deux mains. On comprend tout ça et nous aussi nous souhaiterions rester. Mais ce n’est pas possible. Papa n’a plus de travail ici. Je ne dis pas que c’est juste mais que c’est comme ça. Il n’y a pas le choix. Nous devons partir, quoi qu’il puisse nous en coûter pour chacun d’entre nous.
-Et Piccolo ?, renifla la fillette, je ne peux pas quitter Piccolo… Je suis sa princesse, tu sais, je suis sa princesse !
Blanche avait mal de voir sa fille ébranlée à ce point, pleurant le visage enfoui contre sa poitrine.
-Piccolo est ton ami et ça, ça ne changera jamais. Vous pourrez vous écrire ou même vous téléphoner parfois. Mais tu es une grande personne et je ne veux pas te mentir. Nous nous en allons très loin et je ne pense pas que tu le reverras. D’autant que Piccolo est un vieux monsieur à présent et qu’il ne sera pas possible pour lui de venir nous voir.

Manon renifla de plus belle. Mais sa colère était tombée et elle se sentait lasse. Une immense tristesse l’avait envahie. Elle n’avait jamais envisagé devoir se séparer un jour de son vieil ami Piccolo le clown. Elle se mit à penser aux projets qu’ils avaient ensemble, aux sacrifices qu’il avait faits pour acheter les animaux du futur cirque qui ne verrait jamais le jour. Elle le revoyait surtout en train de lui raconter ses belles histoires, souvent à la lueur des étoiles.
-Ecoute moi Manon, il te reste une dizaine de jours. C’est peu mais c’est beaucoup en même temps. Profite de ton ami Piccolo. Essaie de ne pas penser au départ mais seulement au temps que tu vas passer avec lui. Ce n’est pas facile mais essaie. Sinon, c’est là que tu auras des regrets. Et demain vendredi, ce sera votre dernier jour d’école. J’ai demandé à la maîtresse la permission de vous avoir avec moi la semaine prochaine pour m’aider à préparer les cartons. --Mais ne t’inquiète pas, tu auras beaucoup de temps pour aller voir ton ami Piccolo. Martin m’aidera, ce sera un peu le chef de la famille, rajouta Blanche en levant la voix et en faisant un clin d’œil à sa fille.

Martin hocha la tête, son grand sourire un peu niais sur la figure, et bomba le torse de fierté, ce qui fit sourire Manon qui se sentait un petit peu mieux.
-Excuse moi papa, je regrette d’avoir crié.
-C’est rien ma grande, répondit Eddy qui se sentait au moins aussi gêné que sa fille. C’est oublié.
-Bon, les enfants, c’est bien beau de faire son dernier jour d’école demain mais… si vous m’aidiez à préparer un gros gâteau à emporter pour le goûter avec vos camarades, qu’est ce que vous en dites ?
En poussant de grands cris enthousiastes, Manon et Martin se ruèrent vers les placards et très vite la cuisine s’emplit de traces de farine, d’odeurs de chocolat et d’éclats de rires.



Suite et fin au prochain numéro…

Piccolo 10eme partie


-Martin, viens ici tout de suite ! pesta Manon


-Maman, maman, dis lui d’arrêter, pleurnicha Martin en se réfugiant dans les bras de sa mère. Elle a recommencé !
-Manon, tu exagères, dit Blanche en tentant de prendre un air réprobateur forcé. Martin n’est pas un nom pour un animal. Alors tu vas me faire le plaisir d’en trouver un autre pour ton furet.
-Je trouvais pourtant que ça lui allait bien, rigola Manon pleine de malice, tout en attrapant le furet et en le remettant dans sa cage. Il est comme toi pleurnichard… un peu pataud sur les bords et boudeur dès qu’on lève la voix sur lui.
-Maman, maman, elle continue ! gémit Martin de plus belle, dont les larmes de crocodile n’abusaient personne. Pas sa mère, ni sa sœur en tout cas.
La porte d’entrée claqua. Blanche s’agenouilla et regarda ses deux enfants tour à tour, droit dans les yeux.
-C’est papa qui rentre du travail. Alors je ne veux pas de dispute. Et hors de question que les furets quittent leur cage tant que ton père est dans les parages. C’est bien compris Manon ?
Martin commença à ouvrir la bouche mais Blanche posa un regard sévère sur lui.
-Et toi, je te préviens que je n’aime pas les rapporteurs, tu m’as bien comprise ? Sinon, je te promets qu’il y aura bien deux Martin dans cette maison !
L’enfant acquiesça de mauvaise grâce, une moue de dépit sur le visage. Blanche sortit de la chambre des enfants et referma la porte.

Manon et Martin s’assirent sur leur lit respectif. Tous deux regardaient les deux cages posées au milieu de la chambre, sur la moquette.
-Tu vas pas faire la tête toute la journée, si ? C’est pas possible de chialer pour un rien comme un bébé !
Martin renifla
-T’es une vilaine sœur, et j’vais le dire à maman si tu continues !
Manon soupira
-Oh la la ! Tu le connais ton problème ? T’es trop rigolo, voilà ! J’ai un frère trop rigolo ! Qu’est ce qu’il est rigolo mon petit frère !
La fillette regarda la mine mi-agacée, mi-ahurie de son frère et éclata de rire
-Allez frérot, fais risette ! Et aide moi plutôt à leur trouver un nom… un vrai ! De vrais noms de scène, hein, parce que bientôt, mes furets seront les vedettes du spectacle de mon ami Piccolo.
Manon se leva et ferma la porte de leur chambre à clé. Puis elle ouvrit les deux cages et recula.
-Tu es folle, dit Martin. Ils vont peut-être se bouffer entre eux.
-Ne dis pas d’âneries… Ils étaient déjà ensemble lorsque papa les a retrouvés hier soir sous le vaisselier, après que Neptune les ait chassés dans toute la maison. D’accord, ils n’en menaient pas large mais je pense qu’ils peuvent bien s’entendre. Il le faudra de toute façon pour les numéros qu’ils feront ensemble.
-Ils sont peut-être de la même famille, tu ne crois pas ?
Manon regarda son frère, un peu surprise comme à chaque fois qu’il tenait des propos intelligents.
-Oui, pourquoi pas ? Il faudra que je demande à Piccolo s’il sait quelque chose là-dessus.

Le furet « Martin », d’un brun sombre, observait ce qui se passait autour de lui, visiblement conscient que la cage était ouverte mais pas forcément désireux de mettre le nez dehors. Peut-être avait-il encore en mémoire sa course d’hier… En revanche, le second furet, brun clair avec une belle tâche blanche, semblait moins farouche. Il sortit de sa cage, aperçut le second furet, le regarda quelques instants puis observa les deux enfants. Il se dirigea vers la main que lui tendait Manon, hésita quelques instants, puis s’y blottit à l’intérieur. La fillette avait le regard brillant, toute émue de voir son nouvel ami. Elle porta la main à hauteur de son épaule et le furet y sauta gaiement. Il resta là, reniflant sa nouvelle maîtresse.
-Il faut que je lui trouve un nom maintenant… J’ai pas d’idée, soupira Manon en regardant son frère.

Mais Martin ne la regardait pas. Il fixait la seconde cage avec l’animal toujours à l’intérieur. Il s’approcha doucement, entra l’avant-bras dans la cage et présenta la paume de sa main au furet. Celui-ci hésita, regardant tour à tour le garçonnet et Manon puis grimpa finalement au creux de sa main. Martin eut alors un grand sourire sur le visage et regarda sa sœur, tout content.
Il a retrouvé son air ahuri, pensa Manon, mais elle était contente pour lui. Sincèrement contente.
-Je te propose une chose Martin. Nous allons leur apprendre des tours ensemble, tu veux ? Et comme ils semblent nous avoir adoptés, nous allons chacun trouver le prénom que l’on veut pour notre furet, d’accord ?
Le visage de Martin était lumineux. Il adorait sa sœur dans ces rares instants de franche complicité. Il s’assit à côté d’elle et bientôt les deux furets sautèrent allègrement d’une épaule à l’autre, provoquant les éclats de rire des deux enfants.


Eddy faisait grise mine. Il s’était affalé sur la première chaise venue. Ses traits étaient tirés. Blanche pensa tout d’abord que la journée avait du être sacrément éprouvante. Mais elle se rendit vite compte qu’il y avait autre chose.
-Eddy ? Qu’y a t-il ? Tu m’en veux encore d’avoir voté contre toi au souper d’hier et d’avoir ainsi permis à Manon de garder les deux furets ? Tu sais bien qu’elle s’est engagée à les laisser dans sa chambre et…
-Non ma chérie, soupira Eddy, le regard semblant fixer le vide. Manon et ses animaux de cirque n’y sont pour rien. C’est… c’est le boulot…
Blanche tressaillit. Elle savait que les temps étaient durs depuis plusieurs mois déjà, et que certains de ses collègues avaient été licenciés. Eddy dut sentir que sa femme paniquait et prit ses deux mains entre les siennes.
-Non, ne t’inquiète pas. Je n’ai pas été viré. J’ai la chance d’être chef d’équipe et ils n’ont aucune envie de me voir quitter la boite. Seulement…
-Seulement quoi, Eddy ? insista Blanche en plongeant son regard dans celui de son mari. Dis-le moi !
Eddy prit une profonde inspiration. Il semblait vraiment au bout du rouleau et les larmes n’étaient pas loin.

-Il va nous falloir déménager. J’ai été muté.



A suivre…

mardi 25 septembre 2007

Ecrivain, doux paradoxe...



Depuis une quinzaine de jours, j'ai un objectif et une certitude : je vais sortir mon premier livre. Ne me demandez pas quand, ni comment, mais je vais le faire. J'en ai l'envie. Forte, ancrée. Pas de ces petites envies qui virevoltent au gré des humeurs. Un paradoxe quand on sait que je peux passer de longues semaines sans écrire. Ou sans terminer mes nouvelles. Mais ce n'est pas parce que l'on n'est pas productif que l'écriture ne vous secoue pas en permanence de l'intérieur.

Une certitude donc. Je veux franchir ce palier et je vais y arriver. Pour le reste, c'est un peu flou. Je songe déjà à la préface. Pour le contenu, j'ai envie d'alterner les genres, entre nouvelles, exercices de style et tranches de vie. Finalement, dans mon idée, je me verrais bien coucher une partie de mon blog sur papier. Présenter certains écrits comme Piccolo, en respectant certes l'ordre chronologique, mais en y intercalant d'autres choses, un peu comme je le fais ici. Avec de courts chapitres plus autobiographiques. Enfin, je sais pas trop...

Je dois remercier le jeune écrivain de 18 ans que j'ai interviewé il y a quelque temps déjà. Non pas qu'il m'ait aidé ou que je lui ait demandé quoi que ce soit. Mais avoir vu, puis lu, son premier ouvrage a répondu à certaines questions enfouies en moi comme autant de freins. Déjà, son livre est court, une soixantaine de pages... Je n'ai donc pas besoin de pondre un pavé. Mais c'est surtout le découpage de son livre qui est comme une révélation. Simple mais je n'y avais jamais pensé sous cet angle. Il est divisé en anecdotes, ce qui lui permet de parler de sa vie ou du regard qu'il porte sur le monde qui l'entoure sans subir les contraintes d'un roman par exemple.
Il écrit deux, trois pages sur un thème qu'il veut partager avec le lecteur, puis passe à un autre et ainsi de suite.

Du coup, ça m'ôte une sacrée épine du pied. Car, comme tout écrivain, je suis quand même obligé de me purger de certains pans de ma vie qui m'angoissent ou qui ont pu me meurtrir. Avec cette envie de les coucher sur papier tout en me disant : "Tu ne feras jamais une histoire de 150 pages avec ça". Je n'ai jamais pensé ne pas faire une histoire mais au contraire plusieurs.
Tout au plus ai-je eu vaguement l'idée d'un recueil de nouvelles...

Mais en fait, je peux aller bien au delà, mélanger les genres, entrecouper la fiction de mes nouvelles d'anecdotes plus intimistes qui composeront autant de chapitres supplémentaires. J'ai envie de ce joyeux bordel qui aura quand même sa cohérence : les anecdotes sur ma vie ne seront finalement que le prolongement d'un processus qui permettra au lecteur de mieux comprendre mes écrits.

Bref, je suis excité. Et je vais foncer. Peu importe que je ne sois peut-être pas "au top" d'un point de vue littéraire. Je préfère le brut et l'authentique à une construction trop rigide, trop codifiée.



Je me demande si je ne tiens pas là une bonne partie de ma préface...

lundi 24 septembre 2007

Nath, au sommet de l'Everest



Il y a quelques mois, Nath aurait pu sombrer. Elle aurait pu se briser sur les écueils laissés ci et là par son patron et ne pas s'en relever. Elle aurait pu, comme moi en 2001, se battre contre le vent et y laisser un bout d'âme. Pour finalement rompre.

Sauf que Nath a plié mais n'a pas rompu. Passé le temps des larmes, elle est repartie de l'avant. Malgré le harcèlement moral parce que je persiste à dire qu'il n'y a pas d'autre mot pour qualifier le comportement de son patron qui a outrepassé ses droits en lui mettant une épée de Damoclès au dessus de la tête, voire même tout contre la gorge.

Pendant ces quelques mois d'incertitude, j'ai ruminé ma rancoeur née d'expériences malheureuses. On aurait voulu m'atteindre directement que ça ne m'aurait pas fait plus de mal. J'étais prêt à me battre. Et à aller loin.

Pendant ce temps, Nath se battait aussi. Avec courage et surtout, sans jamais se laisser abattre, sans jamais cesser d'y croire. Avec intelligence également. Elle aurait pu se laisser envahir par une forme de haine qui aurait pu fausser son jugement. Et finir de discréditer son travail. Fort heureusement, elle ne me ressemble pas. Nath est incapable de noirceur, de méchanceté. Durant ces semaines où le stress ne l'aura pas épargnée, elle n'a eu qu'une seule ligne de conduite : aller de l'avant, prouver sa valeur, apprendre encore et encore... Bref, faire mentir tous ceux qui ne la croyaient pas capable.

Alors ce soir, je suis fier. Parce que Nath s'est faite toute seule. Bien sûr, il y a l'environnement familial, les amis, les soutiens... Mais une fois dans l'arène, on est seul. Et elle a définitivement montré qu'elle avait toute sa place au sein de cette entreprise. Elle en ressort donc grandie, probablement à ses propres yeux, mais sûrement aussi aux yeux de ceux qui la côtoient de près comme de loin. Tout ce qu'elle a acquis, elle ne le doit qu'à elle seule, à son abnégation, à la confiance en son jugement, aux défis qu'elle s'était promis de relever.

Alors oui, je ne suis pas forcément objectif mais peu importe. C'est mon blog après tout et s'il ne contient pas de vérités, il contient ma vérité. Celle qui me fait avancer avec Nath depuis quelque temps déjà. Et qui me fait découvrir chaque jour un peu plus que, sous la femme douce et pacifiste, il y a aussi quelqu'un qui sait ce qu'elle veut et, peut-être plus important encore, ce qu'elle ne veut pas.


Elle a tracé sa voie. Je n'ai plus qu'à lui emboîter le pas et trouver mon propre chemin.

samedi 22 septembre 2007

Piccolo 9eme partie




Tu vas me rapporter ces deux bestioles immédiatement !

Manon fronça les sourcils, serrant un peu plus les deux furets contre elle. Eddy avait articulé chacun de ses mots, particulièrement le dernier, ce qui, en principe, ne laissait aucune place au dialogue. Voyant le visage virant au rouge de son père, Manon jeta un regard vers sa mère mais Blanche évita de croiser le sien, mi-amusée, mi-embarrassée. Martin semblait intéressé par les deux furets, mais n’était pas fâché non plus de voir sa sœur dans cette situation, comme en témoignait le rictus mauvais qu’il affichait bêtement.

Il y en avait un par contre qui ne perdait pas une miette du spectacle, c’était le chat Neptune qui agitait nerveusement la queue, visiblement prêt à bondir à la moindre occasion et à ne faire qu’une bouchée des deux furets.
-N’y pense même pas, toi, siffla Manon en lui jetant un regard noir. Le chat émit une sorte de miaulement plaintif mais ne bougea pas, ses prunelles toujours fixées sur ses proies potentielles.
-Mais papa, supplia Manon, c’est pour le cirque… C’est un cadeau de Piccolo… Tu sais qu’il a un bouquetin et un lama depuis hier ?
La fillette tentait maladroitement de mettre son père dans sa poche. Autant dire que la partie était loin d’être gagnée.
-Piccolo par ci, Piccolo par là, ça commence à suffire jeune fille ! Nous avons consenti à certains efforts à la condition que tes notes remontent, et je dois bien reconnaître que ça se passe plutôt bien jusqu’à présent. Mais faudrait voir à ne pas pousser !

Eddy avait levé la voix en prononçant la dernière phrase. La discussion pouvait sembler close mais Manon était bien décidée à tenter crânement sa chance. Elle fixa son père qui ne décolérait pas puis se tourna subitement vers Blanche.
-Maman, je demande à ce qu’il y ait un vote.
-Quoi ? s’étrangla Eddy. Un vote ? Non mais dites mois que je rêve ! Il n’y a rien à voter. C’est non, point final. Non mais, qui commande dans cette maison ? Je ne veux pas de ces deux animaux qu’il faut nourrir et qui ne manqueront pas de faire des dégâts dès qu’ils seront hors de leur cage. On a déjà un chat alors ça suffit. Manon, va ramener tes deux bestioles et tout de suite.

Manon sentait qu’elle était au bord de la rupture et que les larmes n’étaient pas loin. Mais elle n’était pas du genre, contrairement à son frère, à pleurnicher pour obtenir ce qu’elle désirait. Elle ne quitta pas son père du regard, tout en s’adressant à sa mère :
-Maman, on a toujours fait comme ça entre nous. Nous avons toujours discuté des problèmes ensemble, avec un vote pour que tout le monde puisse exprimer son point de vue. Quand on crée des règles, on ne peut pas s’y tenir un jour et y renoncer le lendemain.
Eddy, écarlate, était éberlué par le toupet de sa fille, tout en ne sachant pas que répondre. Blanche avait pris subitement quelques couleurs et hésitait sur la marche à suivre. Sa fille n’avait pas totalement tort.
-Ecoute, chéri… faisons un vote, si elle y tient… Après tout, c’est une décision importante pour elle.
Eddy eut un rire mauvais.
-Le jour où j’ai instauré ce système, j’aurais mieux fait de rester couché. Mais puisque vous semblez tous d’accord, eh bien, passons au vote. Pour ce que ça changera, de toute façon, rajouta t-il à l’attention de Manon, ce qui eut pour effet de lui faire serrer les deux furets un peu plus contre sa poitrine.

Un peu trop visiblement. L’un des furets couina et mordit Manon à la main pour se libérer. La fillette cria, desserrant son étreinte. Les deux petites bêtes sautèrent alors à terre tandis que Neptune laissait échapper un feulement en se lançant à leur poursuite.
Heureusement, la porte d’entrée était fermée. Les furets ne risqueraient donc pas de s’échapper. Pour le reste, c’était une vraie bérézina ! Les furets grimpèrent sur le buffet, le canapé, la table, courant de pièce en pièce, se dissimulant sous des meubles avant d’en sortir tout aussi rapidement, toujours suivis par Neptune, lui même coursé par Manon.
-Saleté de chat, si tu les touches, je te tue, hurla la fillette qui ne sentait même pas la douleur de sa main meurtrie.
Mais Neptune n’en avait cure. Il continuait sa poursuite, sautant, courant, feulant, toutes griffes dehors. Il n’était d’ailleurs pas loin de les attraper lorsqu’il se sentit soulevé de terre par une main puissante.
-Toi, tu vas me faire le plaisir d’aller voir dehors si j’y suis !
Le chat tenta de se débattre, faisant de grands moulinets avec ses pattes et crachant copieusement mais Eddy avait une poigne solide. Il s’assura que les furets ne soient pas à proximité puis il ouvrit la fenêtre et balança le chat dehors. Il entendit un « Miaoooowwwwww » de protestation lorsqu’il la referma.
-Voilà une bonne chose de faite. Manon, habille toi, maman va t’emmener chez le docteur… Ah bravo, on s’en rappellera du cadeau de Piccolo ! Allez, file !

Manon était toute penaude et, à présent que la pression était retombée, sa main la faisait souffrir. Heureusement que ses vaccinations étaient à jour. Elle regarda sa mère, l’air inquiet, en pensant aux deux furets planqués quelque part dans la maison.
-Il n’y a rien à faire pour l’instant Manon. Ils doivent se calmer. Ton père essaiera de les retrouver un peu plus tard et de les remettre dans leur cage respective. Mets ton manteau, le docteur doit encore être à son cabinet.
Manon obtempéra et regarda son père. Celui-ci avait la mine des mauvais jours. La fillette se dit alors que le vote était loin d’être gagné. Elle se demandait même s’il aurait lieu. Surtout lorsqu’elle vit une dernière fois le visage fermé de son père, avant de franchir puis de refermer la porte de la maison.


A suivre….

vendredi 21 septembre 2007

Piccolo chapitre 8




Résumé : Piccolo, ancien clown propriétaire d’un troquet dans un petit village, s’est pris d’amitié pour Manon, une fillette solitaire qui voue au vieil homme une admiration sans borne. La gamine étant en situation d’échec scolaire, notamment en français, Piccolo lui propose un marché : lui apprendre l’art du cirque et monter un vrai spectacle à condition que ses notes remontent. Enthousiaste et soutenue par ses parents, Manon accepte. Tout semble bien se passer jusqu’au jour où Paulo, un ami du vieux clown, suggère à Piccolo de tout arrêter, estimant que le cirque n’est pas un métier d’avenir et que son amitié pour Manon fausse son jugement.
Ebranlé, le vieil homme ne sait plus que faire. Doit-il continuer ou au contraire s’effacer progressivement ?






La journée n’avait pas dissipé les doutes de Piccolo, bien au contraire. Il était resté une bonne partie de l’après-midi, seul, à grommeler derrière son comptoir. Les mots de son ami Paulo allaient et venaient sans arrêt dans sa pauvre tête. Manon allait arriver mais, pour la première fois, il n’était pas enthousiaste à l’idée de la retrouver. Pour peu qu’elle ait des devoirs de français et ce serait le bouquet, pensa t-il en esquissant un pâle sourire.
Il avait mis sa matinée à profit pour aménager des enclos dans son jardin, à l’arrière du bar, pour le bouquetin et le lama. Quant aux furets, Piccolo avait pour le moment déposé les cages derrière le comptoir.

Il ne pouvait s’empêcher de penser que ça ferait bien ses affaires si Manon pouvait avoir un cours de soutien ce soir. Il jeta un œil sur le calendrier et soupira. Il devait absolument réussir à faire abstraction des propos tenus la veille par Paulo. C’est vrai, ça : de quoi se mêlait-il ? Qui lui avait demandé son avis d’abord ? Piccolo fronça les sourcil et essuya un verre avec tant de vigueur qu’il se brisa. La main de Piccolo se mit à saigner, malgré le torchon. Il pesta entre ses dents et c’est précisément le moment que choisit Manon pour faire son entrée.
Piccolo disparut précipitamment dans la cuisine, le torchon enveloppant sa main ensanglantée.
-J’arrive, Princesse ! Pose tes affaires, le goûter arrive !
Il se lava abondamment la main au robinet, mit un peu d’eau oxygénée sur la plaie puis enroula de la gaze autour de sa paume droite. Il sortit de la pièce tout sourire, pensant pouvoir donner le change, mais comme de bien entendu, c’est sa main bandée qui attira tout de suite le regard de la fillette.
-Ce n’est rien du tout, anticipa Piccolo tandis que Manon fronçait les sourcils. Une petite maladresse, rien de plus. Allez, assied-toi. Tu dois avoir des devoirs et ensuite, si tu es sage, j’aurai quelque chose à te montrer.

La part de tarte aux myrtilles parut fade à Manon. Elle n’avait pas oublié le regard un peu vide de son ami ce matin, lorsqu’elle l’avait salué en se rendant à l’école. Et maintenant, ce bandage. Et puis, il y avait autre chose, qu’elle n’aurait pas su définir. Une distance, peut-être… Piccolo était plus silencieux que d’ordinaire. Souriant mais silencieux.
Elle but son verre de sirop de cassis qui lui sembla aussi manquer de saveur puis elle sortit ses affaires de classe. Elle ne souhaitait pas poser de question. Après tout, peut-être se faisait-elle simplement des idées. Son vieil ami pouvait tout aussi bien être simplement fatigué.
Piccolo scruta le visage de la jeune fille. Elle essayait de ne rien laisser paraître mais il voyait bien qu’elle était contrariée. D’ailleurs, elle n’avait pas témoigné d’intérêt particulier lorsqu’il avait dit avoir quelque chose à lui montrer. En temps normal, elle aurait été intenable.

Alors il prit sa main dans la sienne et lui sourit. Manon redressa la tête et offrit un sourire radieux à son ami Piccolo. L’instant n’avait rien de particulier, un sourire parmi tant d’autres échangés et pourtant Manon sentit les larmes lui monter aux yeux sans qu’elle puisse contrôler quoi que ce soit. Elle se leva et éclata en sanglot sur l’épaule du vieil homme. Il restèrent comme cela un petit moment, sans rien dire. Piccolo pensa que, décidément, cette gamine n’était pas comme les autres. Il se demanda même s’il ne serait pas plus simple de lui parler de son entretien de la veille avec Paulo, en toute honnêteté. Après tout, Manon et lui étaient de vrais amis et cette relation était pour beaucoup basée sur une confiance mutuelle.
Mais une partie de lui se disait que finalement, tout ça n’était pas bien important. Et puis, c’était tout de même une discussion d’adulte et Manon restait une enfant. Mature et apte à comprendre plein de choses, mais une enfant quand même.

Lorsque Manon, les yeux rougis mais toujours souriante, retourna s’asseoir, Piccolo se sentit le cœur infiniment plus léger. Ils allaient continuer, travailler de plus belle. Peu importe le temps que ça durerait. Peu importe aussi qu’elle en fasse ou non son métier. Seul le moment présent comptait. Faire simplement un bout de chemin à deux.
Manon aussi se sentait mieux. D’ailleurs, elle demanda une autre part de tarte, et cette fois, jamais les myrtilles ne lui avaient semblé aussi bonnes. Même les devoirs de français, dictée et conjugaison, lui semblèrent agréables. Et lorsqu’elle eut fini, elle lança à Piccolo un regard plein de malice.

-Alors c’est quoi la surprise que tu voulais me montrer ?



A suivre…

vendredi 31 août 2007

Québec, Québec...

Puisque le Québec est à "l'ordre du jour" sur le forum et que notre amie Lili-Gen y a fait son grand retour, je ne résiste pas à l'envie de vous montrer quelques photos prises ci et là lors de mon voyage de noces avec Nath en 2001. C'est parti ! (en vrac et non chronologique)



L'été indien avec ses arbres rouges existe. Nous l'avons rencontré !

La traditionnelle nuit chez l'habitant. Une habitante en l'occurrence, nommée Jane d'Arc ! Si, si !
Une très belle soirée et des adieux difficiles malgré la briéveté de la rencontre.



La police du Québec : comment ne pas se sentir en sécurité avec de tels agents ? (Par contre, côté uniforme, ça laisse à désirer...)





Les superbes chutes du Niagara, vues d'en haut puis d'en bas. Grand moment !






Les superbes Mille-Iles... que dire de plus ?



Une simple fontaine au Québec, ça a de la gueule, non ?


C'est comme les églises... pas amateur... mais là ! ! ! Et ce bleu !



Allez, pour finir, un petit incontournable du coin, un peu piège à touristes, mais... miam !


mardi 28 août 2007

Gros rangement, petit bonheur

Voici un bonheur tout simple auquel je devais bien consacrer une page de mon blog : le rangement !

Mais pas n'importe quel type de rangement. Celui de mes innombrables BD. En comptant les comics de mon enfance, les classiques, les découvertes, les quelques raretés et les revues sur le même thème, je dois bien dépasser le millier d'exemplaires.

Sauf qu'au bout d'un moment, arriver à caser, ne serait-ce qu'un ouvrage supplémentaire relève du parcours du combattant. Dernier exemple en date : la BD offerte par mes amis François-Marie et Brigitte que j'ai bien cru ne pas pouvoir ranger.

Et puis, hier, Alain, mon beau-frère, débarque avec deux grandes étagères. Et des perspectives de rangement et surtout de mise en valeur salutaires.

Aujourd'hui, je vais donc m'y atteler. Un vrai plaisir solitaire. Réfléchir à une certaine organisation, faire ressortir certaines collections. Classer, déclasser, reclasser. Porter, poser, porter, poser... Je compte bien prendre mon temps et faire durer le plaisir. Car c'en est un. Un vrai !

Un bonheur tout simple que j'avais envie de partager.

Bon, vous m'excusez mais faut que j'y aille. Les livres n'attendent pas !

dimanche 26 août 2007

Petit poids ? Chiche !


J'ai voulu retarder l'échéance au maximum. Mais il est plus que temps maintenant. D'ailleurs, pour me donner du courage, je viens de boire une des excellentes bières trappistes de François-Marie et Brigitte.

Je dois absolument MAIGRIR ! Baaahhhh ! Quel verbe affreux ! Non pas que l'idée de moins manger, ou manger mieux, me contrarie particulièrement. C'est plutôt ma légendaire volonté qui me fait craindre le pire. Il y a quelques années, j'avais perdu 8 kg en six semaines, uniquement en supprimant crèmes dessert, alcool et charcuterie. Et sans me forcer d'ailleurs.

Jusqu'à ce fameux matin où je m'étais réveillé en décrétant que j'arrêtais tout. Notamment mon régime. Ce qui coincidait étrangement avec mes vacances de Noël à passer sur Paris chez mon oncle dont le rêve aurait été, idéalement, de... monter un restaurant.

Bref, en 15 jours, j'avais tout récupéré. Et sans me forcer non plus.


Quelques années plus tard, je viens de dépasser la limite. On se fixe tous une limite, qui vaut ce qu'elle vaut et qui obéit à des considérations probablement enfouies en nous. Bref, je m'étais fixé un seuil. Je viens d'y entrer à pieds joints. Bienvenue dans la maison de l'obésité !

Mon médecin m'avait mis en garde. Nath s'inquiète aussi. Ma belle-mère ne dit rien, de peur que je monte sur mes grands chevaux mais pense beaucoup. Ma mère... Ma mère s'est servi de ce poids (c'est vraiment le cas de le dire) comme d'une arme. Je me souviens lorsqu'elle me criait "Sergent Garcia" dès qu'elle me voyait apparaitre en haut de la rue où nous habitions. Je n'étais jamais assez bon en classe, assez bien rasé, assez bien habillé... ni assez maigre donc. Je n'étais pas assez tout.

Voici pour la parenthèse "lâchons nous et balançons au passage". Je vais donc me mettre au régime. J'ai commencé hier. Coupe de cheveux. Un kilo en moins. Facile. Et tout ça en moins de trente minutes, je sens que je tiens le bon bout.

Les desserts ? Pas de souci, je ne suis pas excessivement porté sur le sucré. Préfère le salé. Tiens, là aussi, faudra que je me surveille. Moi et ma manie de tout ressaler systématiquement.

L'alcool et la charcuterie, pas de souci non plus. Et j'ai au moins la chance d'adorer les crudités et de ne pas détester les fruits.

Ca part bien, c'est moi qui vous le dis !


Jusqu'à un prochain matin.........


jeudi 23 août 2007

François-Marie et Brigitte




Lundi soir, je rentre de Souillac où je viens de faire un tour en petit train pour les besoins d'un article. La maison est désespérément vide d'autant que Nath n'est pas encore rentrée.
François-Marie et Brigitte sont partis en début d'après-midi. Mais je ne ressens ni tristesse, ni blues. Peut-être parce que j'ai le sentiment que tout s'est passé au delà de nos espérances, si tant est que nous en avions. Pour nous, les journées partagées avec François-Marie et Brigitte ont été inoubliables, donc pourquoi serait-on triste ? Tout s'est bien passé. Enfin, pour nous. Si ça se trouve, Fmg et Brigitte ont été traumatisés... Il faudra attendre leur appréciation à leur retour de vacances.


Le virtuel a volé en éclat six jours plus tôt, le mardi 14 en début de soirée. Un peu plus tôt, Nath m'avait demandé si je n'étais pas excité mais non. Je me trouvais même anormalement calme. Pourtant, l'attente a été longue.

Je vais retrouver nos belges à un point de rendez-vous. Premier contact sans émotion particulière car finalement, rien de plus banal, après les présentations en bord de route, que de dire : "Bon, on y va ?"

L'émotion arrive quelques minutes plus tard, quand nous arrivons au hameau et que nos invités entrent dans la maison. Là, je me dis qu'on y est et que tout va s'enchaîner le plus naturellement du monde. Et c'est justement ce qui s'est passé à partir de ce moment là.


Le premier soir, aucune sortie de prévue. Juste le plaisir d'être ensemble, de se (re)découvrir, de partager un verre. D'y laisser couler l'amitié à grosses lampées. De partager un petit aligot qui peine à trouver une consistance qui me satisfasse. Mais aussi, pêle-mêle, de montrer leur chambre à nos amis, de recevoir quelques petites attentions dont nous dirons toujours poliment qu'elles ne sont pas nécessaires mais qui vont droit au coeur. Fromage belge, bières Trappistes... et une BD bien évidemment. Une première oeuvre dont le dessinateur promet énormément.


On discute, on refait le monde comme on dit, tout en se relaxant.


Je découvre un François-Marie finalement très fidéle à l'idée que je m'en faisais. Le terme d'idée est un peu réducteur d'ailleurs puisque j'avais quand même pu me nourrir, jusqu'alors, de ses mots et de ses musiques, de certaines de ses pensées lors de ses interventions sur le forum ou les blogs. De toute façon, ce n'est un secret pour personne que je me suis senti proche de François-Marie très rapidement lorsqu'il est arrivé sur l'ancien forum. Donc, je n'avais aucun doute quant à notre aptitude à bien nous entendre.



Finalement, c'est Brigitte qui m'a le plus étonnée. Elle ne nous connaissait que très peu et s'est montrée tout de suite à l'aise, discutant, riant (sauf sur les photos, fallait bien que je la glisse quelque part celle-là ! )...

Ce qui a aussi renforcé cette impression d'unité, de famille, c'est aussi cette volonté affichée bien avant leur arrivée de participer à la vie quotidienne de la maisonnée... Petit déj, repas, courses, vaisselles, tout s'est fait en commun comme des amis qui auraient pris une co-location. L'inconvénient, c'est qu'ils étaient déjà diablement efficaces à trois, alors moi, évidemment, j'évitais de trop m'immiscer dans les taches ménagères, pour pas déranger...




Donc, on a vécu comme ça pendant une petite semaine, au rythme des quelques visites, des apéros concerts sur la terrasse, de Fmg s'enfermant dans les toilettes avec son ordinateur, des grasses matinées qui suivaient les nuits prolongées, de Brigitte cherchant désespérément pêches moisies et yaourts périmés pour son alimentation quotidienne... Petites tranches de vie qui forment un tout d'une richesse et d'une force émotionnelle rares.




Autre bonheur de la semaine : Cath et sa tribu venus faire une halte en Périgord. Ils montent les tentes. Fmg et moi, on s'assit sur la terrasse, une bière à la main (avec et sans alcool), histoire de leur montrer qu'on est de tout coeur avec eux. D'ailleurs, ça marche. Ils font ça en un temps record, les enfants ne sont même pas fatigués. La preuve, ils gambadent partout. Et bing, deux verres en moins.


Du coup, on est huit, quatre dans la maison et quatre sous les tentes. Huit, c'est peu pour prendre du plaisir mais c'est beaucoup quand il s'agit de prendre des douches ou de déjeuner tous ensemble. On y arrive forcément mais en tant que "maître d'hôtel", je ne me trouve pas très bon, ni très organisé. Je m'en veux un peu. Je sais que Cath et sa joyeuse troupe ne sont là que pour un temps limité alors on voudrait toujours en faire davantage...

On aura quand même casé deux visites : le château de Marqueyssac de nuit et Sarlat de jour. Occasions de rires, de discussions, d'escapades... Encore ces petits riens qui font un grand tout.

Samedi midi, Cath repart. Visite courte finalement mais bien remplie. Et merci aussi à Jean-Charles. On s'était un peu "loupé" en Aveyron, je pense qu'on s'est bien rattrapé en Dordogne. Ca a été un vrai plaisir de faire plus ample connaissance. Merci à vous 4 et à bientôt !



Bon, je dois penser à mon boulot de journaliste. J'ai rien fichu de la semaine alors j'impose les animations du we. Du théâtre amateur le samedi soir, et une foire à la poterie le dimanche. Zou ! Deux visites, deux articles ! Emballez, c'est pesé !

Le dimanche soir, nos deux amis belges nous sortent au resto. Pas besoin de cuisiner donc. Bonne pioche pour François-Marie. Toutes les occasions pour partager un moment entre amis sont bonnes, et en plus le restaurant est bon. Salade périgourdine et tartare de boeuf, parfait pour moi !


Le lundi matin, c'est la dernière ligne droite. Nos amis font leurs valises pendant que je cherche désespérément un endroit pour envoyer mes articles. Internet m'a lâché. Le soir, la livebox grillera complètement.

Dernier apéro et dernier concert. Nath rentre du boulot et assiste aux ultimes notes. Escalopes panées clôtureront le volet repas de nos invités. Nath repart et la fin des aventures s'achève comme elle a commencé. J'étais seul à les accueillir, je serai aussi seul à les voir s'en aller. Un au-revoir qui promet d'autres rencontres, une dernière photo et Brigitte et Fmg partent vers de nouvelles aventures...

Au final, une belle amitié et une vraie rencontre. Un partage. Des mots, des sourires, des regards. Et pour nous, une semaine parfaite et une parenthèse salutaire dans le train-train quotidien.
Demain sera un autre jour... Mais ce que nous avons vécu pendant ces six jours, rien ne nous l'enlèvera jamais. Merci, mille fois merci d'être là, définitivement de l'autre côté du virtuel.


samedi 4 août 2007

Voici venus les... Nohohon !



Ceux qui me lisent commencent à avoir l'habitude : il y a, dans ce blog, un peu de tout et parfois beaucoup de rien, selon les humeurs...




Dans cette dernière catégorie d'écrits, et pour entamer ce we sur un ton léger, je viens vous parler d'un nouveau gadget qui fait fureur chez nos amis nippons et qui commence à débarquer chez nous.

Le gadget en question ne sert à rien, fonctionne sans pile car solaire, et est censé faire office d'anti-stress. Seulement ici, pas de boule à pétrir, il suffit juste de regarder le Nohohon dodeliner de la tête pour sentir une paix intérieure nous envahir.





Le Nohohon n'est rien de moins qu'une figurine somme toute très basique, à peine plus recherchée qu'un bonhomme de neige. Une tête et un corps ronds, quatre dragées en guise de pieds et de bras et le tour est joué.

Sauf que, pour l'avoir vécu, je dois avouer que le charme opère. Ne me demandez pas comment. C'est en me rendant chez un imprimeur pour faire un article que j'ai rencontré un Nohohon pour la première fois. Même qu'ils étaient deux. Un rose et un orange. Un qui se la coulait douce et l'autre qui pêchait, ce qui revient sensiblement au même.

La personne que je devais voir était en retard. En plus, chaleur étouffante et pas de clim. Du coup, je balade mon regard dans toute la pièce d'accueil et je tombe nez à nez avec ces deux bestioles, bien en vue sur le bureau de la secrétaire. Je trouve ça plutôt mignon et puis je regarde un peu mieux ces Nohohon qui me sourient tout en secouant la tête. Ils ne font que ça, secouer la tête... Ca ne m'a pas empêché de rester là à fixer ces étranges créatures un bon quart d'heure.




Du coup, sitôt rentré, et vu que quand on a une idée dans la tête, on ne l'a pas ailleurs, je me connecte sur Internet pour essayer d'en savoir un peu plus. Amusez vous à trouver des infos sur des figurines dont vous ignorez tout, à commencer par le nom. Mais enfin, on y arrive...


Et il y en a des Nohohon ! Des assis, debouts, allongés, qui remuent la tête, ou la tête et les pieds, ou la tête et les pieds et les mains, ou la tête et les pieds sans les mains ou la tête et les mains sans les pieds.... Certains sont même dans leur bain, leur tête dodelinant toujours, ou même en train de lire sur la cuvette des WC.





Enfin voilà. Les Nohohon sont entrés dans ma vie mais, fort heureusement, pas encore dans ma maison.

Pas encore...