samedi 22 septembre 2007

Piccolo 9eme partie




Tu vas me rapporter ces deux bestioles immédiatement !

Manon fronça les sourcils, serrant un peu plus les deux furets contre elle. Eddy avait articulé chacun de ses mots, particulièrement le dernier, ce qui, en principe, ne laissait aucune place au dialogue. Voyant le visage virant au rouge de son père, Manon jeta un regard vers sa mère mais Blanche évita de croiser le sien, mi-amusée, mi-embarrassée. Martin semblait intéressé par les deux furets, mais n’était pas fâché non plus de voir sa sœur dans cette situation, comme en témoignait le rictus mauvais qu’il affichait bêtement.

Il y en avait un par contre qui ne perdait pas une miette du spectacle, c’était le chat Neptune qui agitait nerveusement la queue, visiblement prêt à bondir à la moindre occasion et à ne faire qu’une bouchée des deux furets.
-N’y pense même pas, toi, siffla Manon en lui jetant un regard noir. Le chat émit une sorte de miaulement plaintif mais ne bougea pas, ses prunelles toujours fixées sur ses proies potentielles.
-Mais papa, supplia Manon, c’est pour le cirque… C’est un cadeau de Piccolo… Tu sais qu’il a un bouquetin et un lama depuis hier ?
La fillette tentait maladroitement de mettre son père dans sa poche. Autant dire que la partie était loin d’être gagnée.
-Piccolo par ci, Piccolo par là, ça commence à suffire jeune fille ! Nous avons consenti à certains efforts à la condition que tes notes remontent, et je dois bien reconnaître que ça se passe plutôt bien jusqu’à présent. Mais faudrait voir à ne pas pousser !

Eddy avait levé la voix en prononçant la dernière phrase. La discussion pouvait sembler close mais Manon était bien décidée à tenter crânement sa chance. Elle fixa son père qui ne décolérait pas puis se tourna subitement vers Blanche.
-Maman, je demande à ce qu’il y ait un vote.
-Quoi ? s’étrangla Eddy. Un vote ? Non mais dites mois que je rêve ! Il n’y a rien à voter. C’est non, point final. Non mais, qui commande dans cette maison ? Je ne veux pas de ces deux animaux qu’il faut nourrir et qui ne manqueront pas de faire des dégâts dès qu’ils seront hors de leur cage. On a déjà un chat alors ça suffit. Manon, va ramener tes deux bestioles et tout de suite.

Manon sentait qu’elle était au bord de la rupture et que les larmes n’étaient pas loin. Mais elle n’était pas du genre, contrairement à son frère, à pleurnicher pour obtenir ce qu’elle désirait. Elle ne quitta pas son père du regard, tout en s’adressant à sa mère :
-Maman, on a toujours fait comme ça entre nous. Nous avons toujours discuté des problèmes ensemble, avec un vote pour que tout le monde puisse exprimer son point de vue. Quand on crée des règles, on ne peut pas s’y tenir un jour et y renoncer le lendemain.
Eddy, écarlate, était éberlué par le toupet de sa fille, tout en ne sachant pas que répondre. Blanche avait pris subitement quelques couleurs et hésitait sur la marche à suivre. Sa fille n’avait pas totalement tort.
-Ecoute, chéri… faisons un vote, si elle y tient… Après tout, c’est une décision importante pour elle.
Eddy eut un rire mauvais.
-Le jour où j’ai instauré ce système, j’aurais mieux fait de rester couché. Mais puisque vous semblez tous d’accord, eh bien, passons au vote. Pour ce que ça changera, de toute façon, rajouta t-il à l’attention de Manon, ce qui eut pour effet de lui faire serrer les deux furets un peu plus contre sa poitrine.

Un peu trop visiblement. L’un des furets couina et mordit Manon à la main pour se libérer. La fillette cria, desserrant son étreinte. Les deux petites bêtes sautèrent alors à terre tandis que Neptune laissait échapper un feulement en se lançant à leur poursuite.
Heureusement, la porte d’entrée était fermée. Les furets ne risqueraient donc pas de s’échapper. Pour le reste, c’était une vraie bérézina ! Les furets grimpèrent sur le buffet, le canapé, la table, courant de pièce en pièce, se dissimulant sous des meubles avant d’en sortir tout aussi rapidement, toujours suivis par Neptune, lui même coursé par Manon.
-Saleté de chat, si tu les touches, je te tue, hurla la fillette qui ne sentait même pas la douleur de sa main meurtrie.
Mais Neptune n’en avait cure. Il continuait sa poursuite, sautant, courant, feulant, toutes griffes dehors. Il n’était d’ailleurs pas loin de les attraper lorsqu’il se sentit soulevé de terre par une main puissante.
-Toi, tu vas me faire le plaisir d’aller voir dehors si j’y suis !
Le chat tenta de se débattre, faisant de grands moulinets avec ses pattes et crachant copieusement mais Eddy avait une poigne solide. Il s’assura que les furets ne soient pas à proximité puis il ouvrit la fenêtre et balança le chat dehors. Il entendit un « Miaoooowwwwww » de protestation lorsqu’il la referma.
-Voilà une bonne chose de faite. Manon, habille toi, maman va t’emmener chez le docteur… Ah bravo, on s’en rappellera du cadeau de Piccolo ! Allez, file !

Manon était toute penaude et, à présent que la pression était retombée, sa main la faisait souffrir. Heureusement que ses vaccinations étaient à jour. Elle regarda sa mère, l’air inquiet, en pensant aux deux furets planqués quelque part dans la maison.
-Il n’y a rien à faire pour l’instant Manon. Ils doivent se calmer. Ton père essaiera de les retrouver un peu plus tard et de les remettre dans leur cage respective. Mets ton manteau, le docteur doit encore être à son cabinet.
Manon obtempéra et regarda son père. Celui-ci avait la mine des mauvais jours. La fillette se dit alors que le vote était loin d’être gagné. Elle se demandait même s’il aurait lieu. Surtout lorsqu’elle vit une dernière fois le visage fermé de son père, avant de franchir puis de refermer la porte de la maison.


A suivre….

3 commentaires:

Réverbères a dit…

Eh ! ça continue ! Avec de l'action et du suspense ! Alors, tous ces détours en valaient bien la peine !

On attend vivement la suite… mais sans aller trop vite : laisse le temps aux lecteurs de lire les différents épisodes !!! :)

franck a dit…

Réverbères à écrit hier :

"Qu'elle ne se fasse pas trop attendre !"

et aujourd'hui :

"mais sans aller trop vite"

Euuuuuuh... Je fais comment, là ??? ^_____^

Cath a dit…

Génial !
J'ai toujours pensé que les autres fins étaient trop vite venues : ce n'est pas que tu nous les aies servies trop vite, non, on ne peut pas dire... mais l'histoire mérite ces développements ! Du sentiment, de l'action, du suspense... tout ça quoi !
Alors, quand tu veux pour la suite... et la fin, mais pas expédiée à la va-vite pour en finir, hein ?
(Si tu veux qu'on dise ce qu'on pense, ben voilà)
:-))