-Alors ? Ose dire qu’elle n’est pas bonne mon omelette aux cèpes !
Paulo grommela quelque chose comme « saleté de bestiole » et se resservit du vin.
-Tu vas pas faire la tête jusqu’aux calendes grecques, si ?
-Je fais la tête si je veux ! C’est tout juste si j’arrive encore à m’asseoir !
Piccolo ne put s’empêcher de rire. Paulo, l’œil noir, vida son verre aussi vite qu’il l’avait rempli.
-Bon, je reconnais que ce n’est pas drôle et sans doute un peu douloureux mais…
-Un peu douloureux ? Un peu douloureux ? Non mais, écoutez le ! Ca fait très mal, oui ! Ce satané bouc a du revenir à la charge une dizaine de fois !
Le vieux clown sourit intérieurement. Le bouquetin avait chargé deux fois seulement, le temps pour Piccolo d’attraper une fourche et de faire reculer l’animal.
-Pense à Manon et au plaisir que tu vas lui faire ! Quand elle rentrera de l’école demain, elle va sauter de joie en découvrant ses nouveaux amis !
-Tu t’occupes trop de cette gamine Piccolo, dit Paulo en finissant son assiette. Tu veux faire d’elle une artiste de cirque accomplie. Mais elle ? En a t-elle vraiment envie ou est-ce juste parce que ça lui permet ainsi de rester avec toi ?
Paulo reprit un verre de vin qu’il vida aussitôt et se leva.
-Le cirque, c’est de l’histoire ancienne Piccolo. Tu as passé l’âge. Et c’est un métier qui n’a plus d’avenir. Ecoute moi : tu ne lui rends pas service, à la petite ! Et en plus, tu es en train de t’endetter avec tes animaux de foire. Je te donne juste un conseil : laisse tomber ! Manon est jeune, innocente et un rien l’émerveille. Et je sais que tu l’aimes beaucoup et que ta démarche part d’un bon sentiment. Mais crois-moi : tu vas droit dans le mur, et elle avec.
Paulo prit sa veste et se dirigea vers la porte de derrière.
-Bon, faut vraiment que j’y aille. Jeanne va s’inquiéter. Mais pense à ce que je t’ai dit. Le cirque de maintenant n’apportera rien de bon, que ce soit pour toi ou Manon. Tu es clown dans l’âme Piccolo… mais le temps où tu étais artiste de cirque est révolu… Tu devrais tourner la page. Et puis Manon t’aime énormément, elle comprendra et ne t’en aimera pas moins si tu trouves les mots pour lui expliquer. Ne la laisse pas croire que clown est un métier d’avenir. Tu sais que ce n’est plus vrai. Allez, à plus !
Paulo sauta dans sa camionnette et démarra en trombe laissant derrière lui un Piccolo hébété.
Les mots de Paulo le hantèrent toute la fin de la journée et une bonne partie de la nuit. Il comprenait ce que son ami voulait dire et pourtant il ne voulait pas se résoudre à tout laisser tomber. Et puis, lui et Manon ne faisaient rien de mal et la petite avait une telle soif d’apprendre… Elle était si douée. Et ce spectacle qu’ils avaient projeté de monter ensemble ? Allait-il y renoncer à cause de l’avis de quelqu’un qui n’y connaissait rien ? Non. Piccolo était ébranlé mais était bien décidé à aller jusqu’au bout de son rêve. Manon avait tout le temps de voir ce qu’elle voudrait faire plus tard. En attendant, ils allaient cravacher et travailler dur pour proposer un spectacle de haute tenue.
Piccolo s’endormit enfin avec ses certitudes. Mais lorsqu’il se réveilla, il eut l’impression que nombre d’entre elles avaient disparu.
Manon lui fit un signe de la main en se rendant à l’école. Piccolo le lui rendit mais le cœur n’y était pas. La fillette dut s’apercevoir que quelque chose n’allait pas car elle marqua un temps d’arrêt et sembla scruter son visage de ses yeux perçants. Elle entendit alors sonner la cloche et se dit qu’une fois encore, elle allait être en retard à l’école. Elle soupira, sourit à Piccolo d’un air désolé puis hâta le pas dans la direction opposée.
Paulo grommela quelque chose comme « saleté de bestiole » et se resservit du vin.
-Tu vas pas faire la tête jusqu’aux calendes grecques, si ?
-Je fais la tête si je veux ! C’est tout juste si j’arrive encore à m’asseoir !
Piccolo ne put s’empêcher de rire. Paulo, l’œil noir, vida son verre aussi vite qu’il l’avait rempli.
-Bon, je reconnais que ce n’est pas drôle et sans doute un peu douloureux mais…
-Un peu douloureux ? Un peu douloureux ? Non mais, écoutez le ! Ca fait très mal, oui ! Ce satané bouc a du revenir à la charge une dizaine de fois !
Le vieux clown sourit intérieurement. Le bouquetin avait chargé deux fois seulement, le temps pour Piccolo d’attraper une fourche et de faire reculer l’animal.
-Pense à Manon et au plaisir que tu vas lui faire ! Quand elle rentrera de l’école demain, elle va sauter de joie en découvrant ses nouveaux amis !
-Tu t’occupes trop de cette gamine Piccolo, dit Paulo en finissant son assiette. Tu veux faire d’elle une artiste de cirque accomplie. Mais elle ? En a t-elle vraiment envie ou est-ce juste parce que ça lui permet ainsi de rester avec toi ?
Paulo reprit un verre de vin qu’il vida aussitôt et se leva.
-Le cirque, c’est de l’histoire ancienne Piccolo. Tu as passé l’âge. Et c’est un métier qui n’a plus d’avenir. Ecoute moi : tu ne lui rends pas service, à la petite ! Et en plus, tu es en train de t’endetter avec tes animaux de foire. Je te donne juste un conseil : laisse tomber ! Manon est jeune, innocente et un rien l’émerveille. Et je sais que tu l’aimes beaucoup et que ta démarche part d’un bon sentiment. Mais crois-moi : tu vas droit dans le mur, et elle avec.
Paulo prit sa veste et se dirigea vers la porte de derrière.
-Bon, faut vraiment que j’y aille. Jeanne va s’inquiéter. Mais pense à ce que je t’ai dit. Le cirque de maintenant n’apportera rien de bon, que ce soit pour toi ou Manon. Tu es clown dans l’âme Piccolo… mais le temps où tu étais artiste de cirque est révolu… Tu devrais tourner la page. Et puis Manon t’aime énormément, elle comprendra et ne t’en aimera pas moins si tu trouves les mots pour lui expliquer. Ne la laisse pas croire que clown est un métier d’avenir. Tu sais que ce n’est plus vrai. Allez, à plus !
Paulo sauta dans sa camionnette et démarra en trombe laissant derrière lui un Piccolo hébété.
Les mots de Paulo le hantèrent toute la fin de la journée et une bonne partie de la nuit. Il comprenait ce que son ami voulait dire et pourtant il ne voulait pas se résoudre à tout laisser tomber. Et puis, lui et Manon ne faisaient rien de mal et la petite avait une telle soif d’apprendre… Elle était si douée. Et ce spectacle qu’ils avaient projeté de monter ensemble ? Allait-il y renoncer à cause de l’avis de quelqu’un qui n’y connaissait rien ? Non. Piccolo était ébranlé mais était bien décidé à aller jusqu’au bout de son rêve. Manon avait tout le temps de voir ce qu’elle voudrait faire plus tard. En attendant, ils allaient cravacher et travailler dur pour proposer un spectacle de haute tenue.
Piccolo s’endormit enfin avec ses certitudes. Mais lorsqu’il se réveilla, il eut l’impression que nombre d’entre elles avaient disparu.
Manon lui fit un signe de la main en se rendant à l’école. Piccolo le lui rendit mais le cœur n’y était pas. La fillette dut s’apercevoir que quelque chose n’allait pas car elle marqua un temps d’arrêt et sembla scruter son visage de ses yeux perçants. Elle entendit alors sonner la cloche et se dit qu’une fois encore, elle allait être en retard à l’école. Elle soupira, sourit à Piccolo d’un air désolé puis hâta le pas dans la direction opposée.
A suivre…
1 commentaire:
Oups… voilà un côté dramatique inattendu ! Mais c'est justement cela qui fait toute la beauté de l'exercice. En tout cas, parti comme c'est, il y a moyen de 1000 rebondissements… et nul ne sait comment cela finira !
Merci, c'est superbe !
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