mardi 20 février 2007

Piccolo


La porte s’entrouvrit, faisant tinter la petite clochette. Manon entra, une sucette à la bouche comme à son habitude. Comme l’endroit semblait vide, elle commença à se diriger vers les cuisines lorsque Piccolo en sortit.
-Tiens, mais c’est ma petite Manon ! Alors, ma puce, finie l’école ?
Manon lui sourit, l’œil malicieux. Elle tendit les bras. Piccolo la souleva et la fit asseoir sur le bar.
-Comme ça, on pourra discuter pendant que je fais un peu de vaisselle, ça te va ?
Manon hocha la tête, tout en balançant ses jambes au dessus du vide. Derrière le comptoir, des verres de bière sales s’étaient amoncelés et elle ne put s’empêcher de faire une grimace en les voyant.
-Ne t’inquiète pas princesse, je vais te nettoyer tout ça… et lorsque tu auras fini ta sucrerie, tu auras ton sirop de mûre, d’accord ?
Manon lui offrit un sourire encore plus radieux. Elle adorait Piccolo et ne manquait jamais de lui rendre visite après l’école. Et pendant les vacances, elle le suivait presque partout.
Elle le regarda laver les verres un à un, avec des gestes précipités. A ce rythme là, il ne lui faudra guère de temps, pensa t-elle. Tant mieux. Voir Piccolo travailler ne la gênait pas tant que ça, mais elle préférait l’avoir pour elle toute seule. Elle aimait par dessus tout quand il lui racontait de belles histoires. Avec des clowns et tout plein d’animaux. Et lorsqu’elle se les imaginait, ses yeux s’emplissaient d’étoiles.


Piccolo essuyait à présent les derniers verres et lorsqu’il eut terminé, Manon lui tendit le bâtonnet vide de sa sucette. Il le jeta dans la poubelle qui se trouvait sous le comptoir et prit la bouteille de sirop posée sur les étalages derrière lui.
Manon serra le verre à deux mains et but avidement le liquide sucré. Elle passa ensuite le revers de sa main sur ses lèvres et sortit une langue gourmande pour dire qu’elle en voudrait bien encore.
Piccolo la resservit donc puis s’éclipsa dans la cuisine. Il en revint avec une part de tarte aux myrtilles posée sur une petite assiette en porcelaine.
-Tiens, Manon, ça creuse l’école, non ? Ensuite – et ton beau sourire n’y changera rien – il sera temps de faire tes devoirs.
Pour le coup, le beau sourire disparut et fit place à une moue irrésistible. Piccolo éclata de rire et, le torchon posé sur l’épaule, s’avança vers l’entrée du bar où la petite avait posé son cartable.
-Alors, voyons voir ! Hum… dictée, c’est pas de chance, ça ! Enfin, faudra essayer de faire mieux que la dernière fois.
Piccolo se gratta la tête, un peu embarrassé, comme à chaque fois que la petite revenait avec des devoirs de français. Autant il avait une aisance rare pour raconter des histoires, autant l’écrit lui avait toujours posé problème. Bon, pour lui dicter le texte, pas de souci… ni pour le corriger puisqu’il l’avait sous les yeux. Mais pour lui expliquer les fautes, alors là ! C’était une autre paire de manches.
-Oh ! Je vois aussi que tu as des opérations. C’est bien ça, les opérations, on va commencer par là, tu veux bien ?
Manon s’approcha de lui et enserra son ventre massif de ses deux bras.
-Je t’aime fort, Piccolo !
Le vieil homme sourit et passa une main dans les cheveux noirs et bouclés de la fillette.
-Bien essayé, jeune fille… mais tu sais l’accord que j’ai passé avec ta mère : tu viens me voir après l’école seulement si les devoirs sont faits avant de rentrer à la maison. Alors au boulot !
Manon tenta une dernière grimace mais n’insista pas. Elle sortit ses livres et, assise à côté de Piccolo, commença ses opérations. Elle savait que, si elle se dépêchait, elle aurait peut-être un peu de temps avant de devoir partir. Et qu’il lui raconterait alors une de ses histoires au pays des clowns.

A suivre…

1 commentaire:

Cath a dit…

Quelle belle histoire ! un beau début en tous cas, tout en tendresse : le clown et la princesse (qui rentre de l'école!)...
On les voit apparaitre à chaque mot. Vivement la suite !