mardi 27 février 2007

Piccolo 2ème partie


-Alors la sauvageonne, t’étais encore chez le vieux débi… ?

Manon se jeta sur son frère avant qu’il n’eut le temps de finir sa phrase.
-Aiiiie ! Mes cheveux ! Mais tu me fais mal… Lâche moi ! Mamaaan ! ! !
-Vas y ! Ose le redire que Piccolo est un débile, sale crétin !
Blanche s’interposa entre les deux tandis qu’Eddy tentait de retenir par les épaules une Manon déchaînée.
-Peuh ! Tu ne lui arrives même pas à la cheville, de toute façon ! T’es jaloux pi c’est tout !
-Ca suffit Manon, gronda son père. Et toi Martin, retourne à tes devoirs. Je te signale que ceux de ta sœur sont faits, eux !
Manon jeta un regard noir à son frère. Le chat Neptune regarda sa maîtresse d’un air surpris puis sauta sur ses genoux. Elle le caressa machinalement entre les oreilles, ce qui eut pour effet de le faire ronronner instantanément, mais sans quitter son frère des yeux.
Blanche soupira en regardant le carnet de sa fille.
-Je crois que papa a parlé un peu vite, Manon… et qu’il nous faut revoir la dictée sans attendre !
Martin ricana, le nez plongé dans ses livres.
-Ha ! Le Piccolo, c’est pas un fortiche en français, ça c’est sûr !
-Martin ! ! ! Tu te tais !
Le garçon sentit son visage s’empourprer. Il savait qu’il y avait des limites à ne pas dépasser avec son père. Et qu’il fallait savoir se faire oublier.
Manon eut un grand sourire mais qui ne dura pas.
-Et toi Manon, tu m’enlèves ce sourire béat de ta figure et tu vas avec ta mère me refaire cette dictée ! C’est vraiment du grand n’importe quoi, rajouta t-il en regardant à son tour le cahier de français de sa fille. C’est pas la peine de revenir aussi tard si les devoirs sont aussi mal faits !
Manon regarda son père et sentit une boule lui envahir l’estomac. Elle savait ce qu’il sous-entendait. Et elle sentit les larmes lui monter aux yeux en s’imaginant ne plus pouvoir rendre visite à Piccolo après l’école.
Blanche dut sentir le trouble et la colère qui commençaient à poindre chez sa fille car elle l’appela.
-Allez, viens ma puce ! Revoyons cette dictée tous les deux, tu veux bien ?
Princesse, pensa Manon, lui m’aurait appelée princesse… Et un sourire illumina à nouveau son beau visage.

-Regarde moi ça, grommela Eddy lorsqu’il eut rejoint sa femme dans le lit. Il est près de onze heures et les enfants viennent juste de s’endormir ! Et demain matin, ça va encore être la guerre des nerfs pour les faire se lever !
Blanche observa la moue contrariée de son mari et dut se pincer les lèvres pour ne pas éclater de rire.
-N’exagère pas, ce n’est quand même pas comme ça tous les soirs. Et puis il n’y a qu’en français que Manon a quelques lacunes… Ce n’est pas comme si elle était mauvaise élève.
En plus, je trouve ça bien qu’elle se stimule. Elle sait qu’elle doit faire ses devoirs lorsqu’elle se rend chez Piccolo et ça la responsabilise, non ?
-Mouais, soupira Eddy. Je ne peux pas dire le contraire. Mais… ça ne te semble pas malsain qu’elle ne jure que par ce vieux clown ?
Blanche eut un regard désapprobateur qui fit aussitôt rougir Eddy.
-Euh… je veux juste dire…
-Oh mais, je sais ce que tu veux dire… Tu veux savoir ce que j’en pense ? Tu es pire que ton fils des fois ! Moi, je l’aime beaucoup ce Piccolo…C’est vrai qu’il passe pour un original auprès de certains habitants de ce village, mais c’est quelqu’un d’adorable… Et Manon a fait de gros progrès à son contact. Elle parle beaucoup plus qu’à une époque où elle était très repliée sur elle-même, elle rayonne quand elle nous parle de lui. Tu sais ce qui se passerait si on l’empêchait de le voir, non ?
-Oui, d’accord, je comprends… mais ça m’inquiète quand même… Elle ne jure plus que par lui.
-Peut-être, mais n’oublie pas que Piccolo est un ancien clown qui a fait rire des centaines d’enfants. C’est normal que Manon soit émue à son contact. Elle adore ses histoires, je crois qu’elle est fascinée par ce vieux bonhomme et je trouve ça plutôt touchant.
-Bon. Donc, on ne change rien, c’est ça ?
-Non, on ne change rien. Manon sait ce qu’elle a à faire si elle veut continuer à voir Piccolo après l’école. J’ai confiance en elle. Et si ses résultats scolaires devaient en pâtir, il serait toujours temps d’aviser, tu ne crois pas ?
-Oui… Bon, j’éteins parce qu’il n’y a pas que les enfants qui doivent se lever demain. Mais je suis quand même content qu’on ait pu en discuter.
Eddy se tourna sur le côté et éteignit la lampe. Blanche se serra contre son dos et s’endormit presque aussitôt.

Dans les rêves qu’elle fit cette nuit là, Piccolo le vieux clown faisait rire sa fille aux éclats

A suivre…

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Sympathique... mais j'aime moins que la première partie. Je vois ça comme une transition en espérant que la poésie et la tendresse seront de retour par la suite.

Anonyme a dit…

Eddy et Blanche... ça me dit quelque chose... te dirigerais-tu de nouveau vers du paranormal ??

Réverbères a dit…

Moi, ça me plaît bien… on est dans une vie normale… Bien sûr, le retour de Blanche et Eddy surprend : ainsi donc, ils ont survécu et semblent être dans cette vie normale…
Et je trouve que les personnages sont bien typés, "parlent" chacun à leur manière (si tu vois ce que je veux dire !).
Bon, reste plus qu'à attendre la suite !

Franck a dit…

Juste une précision : le fait d'avoir repris les prénoms de Blanche et d'Eddy est un clin d'oeil...mais il n'y a absolument aucun rapport entre les personnages de "Piccolo" et ceux de "Blanche".
Si ça devait vous "perturber", je changerai les prénoms...
Et non, rien de paranormal pour cette histoire...

Cath a dit…

Ah, chic, la suite : j'aime toujours bien ! même si c'est moins magique, plus réaliste que la première partie... mais comme toujours on "sent" les personnages, ils sont vrais ! Et le clin d'oeil des prénoms, oui ça m'a fait sourire ! je n'ai pas cru que Blanche (la folle) pouvait être la mère de Manon !.. mais la surprise et le doute un instant, c'est amusant.
Bravo, ça mûrit, cette écriture : tous les styles te vont, décidément !

Réverbères a dit…

"aucun rapport entre les personnages de "Piccolo" et ceux de "Blanche"." !!!

Ces prénoms communs sont loin de me perturber ! Mais il n'y a pas de hasard ! Ne les change surtout pas : si tu les as choisis, c'est qu'il le fallait !

(Évidemment, tu fais comme tu veux !)