lundi 1 janvier 2007

Mort lente (titre provisoire)

Oui, je sais... Pour un 1er janvier, c'est un peu hard comme titre... mais ça vient comme ça vient... Voici donc le début d'une nouvelle histoire à épisodes... J'attends vos réactions, bonnes ou mauvaises, mais qui ne manqueront pas de me faire avancer...


Même si j'en suis l'auteur, ce texte est la propriété commune de Réverbères et de François, deux membres d'un ancien forum qui ont "gagné" ce texte lors d'un lointain concours plutôt fantaisiste d'ailleurs. Je n'ai plus qu'à espérer que cette nouvelle leur plaira. Amicales pensées à eux deux.





Le soleil commençait à poindre à l’horizon, donnant à la mer un aspect chaud et orangé. Cela m’avait pris une bonne partie de la nuit mais j’avais enfin trouvé ce que je cherchais. Même si le fait d’avoir trouvé tuait tout espoir.
Je me penchai et ramassai le pendentif. Le sable était froid mais, en cette saison, ça ne durerait guère. Des grains s’échappèrent d’entre mes doigts comme d’un tamis. J’observai l’objet puis sentis un sentiment nouveau me submerger. Un sentiment où la tristesse se mêlait à une certaine panique. Une certaine solitude. L’absence.
Harry l’avait donc fait finalement. Nous en avions parlé la veille mais je n’avais pas eu à cœur de le raisonner. Peut-être parce que, aussi horrible que cela puisse paraître, je comprenais.
D’ailleurs, je n’en éprouvais ni honte, ni remord. Juste un vide. Et l’impression d’une vie gâchée à force d’occasions manquées. Ou de rêves avortés.

Mon regard fixait toujours le pendentif. Enfin… sans le fixer vraiment en fait. Au bout d’un long moment de franche lassitude, je regardai la mer. Harry était là, quelque part, parmi les poissons. Plus tard, on retrouverait son corps. On conclurait à une noyade. Encore un imprudent qui se serait baigné trop près des rochers.
Mais Harry était parti volontairement, en laissant à son meilleur ami un cadeau d’adieu. Un cadeau qui ne le quittait jamais mais dont il s’était pourtant séparé en le déposant sur le sable.
J’eus alors instinctivement le réflexe de mettre le collier autour de mon cou. Mais, au dernier moment, je n’y parvins pas et eus même un mouvement de recul. C’était sûrement trop tôt. La sensation désagréable de porter un cadavre autour du cou.
Alors, je rangeai le pendentif dans la poche droite de mon pantalon en toile, ôtai mes chaussures et m’allongeai dans le sable. Le ciel avait pris une couleur indigo qui virait progressivement au rouge violacé.
J’avais tout mon temps. Bientôt, Gwen m’appellerait sûrement, folle d’inquiétude. Mais je ne lui dirais rien. J’avais promis. J’étais las et m’endormis assez rapidement. Entre rêves et cauchemars, la vie de Harry repassa dans ma tête.


Harry avait beau être tout sourire lorsqu’il m’accueillit, je vis tout de suite que quelque chose n’était pas comme d’habitude. Gwen était là et époussetait des étagères vides. Les étagères vides. Premier signe.
Gwen m’embrassa, enjouée : « Tu as vu Peter, Harry a pris de grandes résolutions. Il s’est enfin décidé à virer toutes ses cochonneries. On va peut-être enfin pouvoir économiser. »
Je jetai un regard en coin à Harry. Toujours souriant. Mais en dedans, ça devait bouillonner.
Les étagères aujourd’hui désertes avaient contenu un nombre impressionnant de livres en tous genres, des BD pour la plupart. Mais aussi une flopée de magazines et de romans. Harry y tenait comme à la perle de ses yeux. Harry était très friand notamment de ses BD qui lui donnaient accès à des mondes imaginaires aussi féeriques que profondément terrifiants parfois. Et l’imaginaire, Harry en connaissait un rayon.
En sacrifiant ses livres, Harry renonçait à ses rêves. Rien de moins.
J’entrai dans le salon et vis que, là aussi, beaucoup de choses avaient disparu. Figurines, lithographies, dédicaces. Et son stock faramineux de dvd et, à un degré moindre, de cd avait fondu de trois-quarts.
Mon impression de départ semblait se préciser et j’étais mal à l’aise. Harry s’était débarrassé de tout ce qui avait un intérêt à ses yeux. De tout ce qui était même, quelque part, vital pour lui.
-Pourquoi, Harry ? Pourquoi renoncer à tout ça ?
Ce fut Gwen qui répondit, ce qui m’agaça prodigieusement. Je l’aime bien Gwen, elle est adorable. Mais des fois, elle devrait apprendre à fermer sa gueule.
-Ah, ça aura mis du temps mais ça y est : notre Harry s’est décidé à grandir. En fait, ça lui a pris il y a tout juste une semaine son nettoyage de printemps. Un matin, il m’a dit vouloir tout liquider. On y a passé tout le week-end, entre les objets à essayer de vendre sur Internet et les revues à jeter, les cartons à faire, le réaménagement de l’espace gagné etc. L’un dans l’autre, on a finalement gagné près de 3000 euros, plus de futures économies sur les produits qu’il n’achètera plus désormais. C est pas pour dire, mais ça prenait de la place. Même si je sais le sacrifice que ça représente. Je t’aime, mon ange.
Harry sourit maladroitement. Je ne pensais pas que Gwen, justement, soit consciente du sacrifice de Harry. Ni moi non plus d’ailleurs, en cet instant précis.

J’étais perdu dans mes pensées lorsque Harry m’apporta une bière fraîche. Gwen, derrière lui, passa d’une pièce à une autre et en revint avec un gros sac.
-Je vais faire les courses, Harry. Tu es vraiment sûr de ne pas vouloir que je fasse un plein ? Tu manges avec nous, Peter ?
-Certain, chérie. Tu en dis quoi, Peter ? Un petit repas à la bonne franquette ?
J’acceptai avec plaisir, sachant par avance que la soirée se terminerait immanquablement par une soirée de Tarot endiablée. Mais je ne parvenais pas à évacuer cette sensation bizarre.

Comme d’habitude, la première bière fit place à une autre, puis à une autre, tandis que nous discutions de tout et de rien. Surtout de rien. A tel point d’ailleurs que ce fut moi qui rompis cet échange monocorde.
-Tu es sûr de ne rien avoir à me dire ? Tous ces changements, disons, m’inquiètent. Et comme nous nous connaissons depuis 25 ans, j’ai un peu de mal à croire à ton attitude « détachée ».
-Je vais partir, Peter. Et avant tout départ, il faut faire du rangement. Pas de garde-meubles là où je vais.

Je grimaçai, ce qui eut pour effet de me réveiller. Une sensation désagréable. L’eau était légèrement montée et les vagues m’enveloppaient les pieds. L’eau était surtout glacée, oui ! Ah ! Je déteste ça.
Je repensai à Harry. Lui adorait l’eau fraîche. Cette nuit, pensai-je, il a dû être servi. J’essayai d’esquisser un sourire mais ce n’était pas drôle. Et pourtant. Il était parti avec ses soucis. Et me laissait seul avec mes emmerdes. Quel ami ferait ça ?
La colère m’envahit. J’étais seul, merde ! Avec une amitié de 25 ans enfouie au fond des eaux.


Comme je m’y étais attendu, mon portable sonna. Comme il n’avait pas cessé de sonner depuis que j’avais entamé mes recherches. Car la plage ne m’était pas apparue comme une évidence. J’avais écumé beaucoup d’endroits avant d’y penser. Et même une fois sur place, je m’étais presque résigné. Avant de tomber sur le pendentif.
Gwen, en larmes, n’arrivait pas à articuler deux mots. Elle n’avait rien trouvé (tu m’étonnes !) et était au bord de la crise de nerfs.
-Je suis sur la plage, près du rocher, dis-je simplement. Viens m’y rejoindre.
Quelques secondes de silence. Puis un hurlement dans le portable.

Je coupai la communication.



A suivre…

5 commentaires:

Cath a dit…

oups, ça démarre fort, Franck !
Inévitablement, on pense à "Harry, un ami qui vous veut du bien" : le prénom, le malaise, le rêve et la réalité...
Pour une "Mort lente", ça me fait plutôt l'effet d'un boulet de canon !
Euh, la suite ? !! la suite !!
Quel début d'année les gars ! ne loupez pas ça, le Franck nouveau a débarqué, qu'on se le dise !

Franck a dit…

Aiiieeee ! J'espère qu'il n'y a pas trop de points communs avec "Harry, un ami...". Je l'ai vu, il y a longtemps, à sa sortie ou presque et j'avoue ne plus en avoir grand souvenir. Mais si ça y ressemble, ça ne va pas faire mes affaires...
En fait, j'ai toujours du mal à trouver les prénoms de mes personnages. Ici, les prénoms de Gwen, Peter et Harry font partie, pour la petite histoire, de l'univers BD de Spiderman...
Pour la suite, tu sais comment j'écris, je n'en connais pas plus que le lecteur et je n'y ai donc pas encore vraiment réfléchi mais... quelques idées tout de même dans un coin de mon petit cerveau.
Merci Cath !

Cath a dit…

"Mort lente" et "Harry, un ami qui vous veut du bien" : pas sur que ça y ressemble, il faudrait lire la suite !
(Le film est à revoir alors, Franck, pour l'ambiance, unique : c'est quand même un phénomène !)
Tu me rassures, il y a bien une suite prévue ? non parce que des fois, (ça c'est vu), y en a pas !.. ;-)

Franck a dit…

Ah ? Y'a des gens qui font ça ?
Remarque, ça peut être sympa de ne faire que des débuts d'histoire et de laisser ensuite le lecteur faire son film... Faut que j'y réfléchisse...

Réverbères a dit…

Eh ! une nouvelle nouvelle !
C'est vrai qu'on l'a gagnée, celle-là, François et moi !
On espère la fin... ce n'est pas une fin en soi, mais en-fin, ce serait assez fin et fin-alement mieux !